Bachelet : les anti avortement crient au loup !

La présidente Michèle Bachelet n´avait pas encore pris possession de son bureau à la Moneda que, déjà, les organisations traditionalistes criaient au loup !. Dans un article intitulé "la peur que Bachelet introduise le Chili dans la géographie de la mort", la revue Hispanidad déduisait du premier discours de la nouvelle présidente, dans lequel elle se proposait "d´approfondir la démocratie au Chili", qu´elle "prétendait légaliser l´avortement" dans ce pays.
Selon Eulogio Lopez, directeur de cette revue espagnole, "Les politiques pro avortement sont toujours les mêmes : beaucoup d´euphémisme, beaucoup de mensonges et application graduelle... Rappelez vous que la femme de Néstor Kirchner, Cristina Fernández, est arrivée à la Casa Rosada en niant que le nouveau gouvernement allait introduire l´avortement en Argentine. Regardez maintenant, l´avortement existe en Argentine, en contradiction avec la Constitution". Pour l´organisation chilienne Action familiale pour un Chili authentique, chrétien, et fort (sic), "Acción Familia a le regret de devoir mettre en doute l´information donnée au Saint Père par le cardinal Errazuriz". Celui-ci aurait, selon le journal El mercurio du 24 février 2006, informé le pape que "Madame Bachelet est opposée à l´avortement, y compris l´avortement thérapeutique..." La présidente aurait aussi manifesté l´idée que "le mariage est l´union entre un homme et une femme." La revue poursuit : "Lamentablement, cette information donnée au Pape par le cardinal ne correspond pas au programme de gouvernement de Michelle Bachelet. Celui-ci propose l´approbation de trois projets de loi qui incluent les unions homosexuelles et l´acceptation de l´avortement".
Dans les faits, le programme prévoit l´approbation de mesures contre la discrimination et l´approbation d´une convention internationale pour l´élimination de toute discrimination contre les femmes.
Le Chili a connu une période de légalisation
Selon le journal français Libération du 10 décembre 2005, "200000 avortements illégaux sont pratiqués chaque année dans cette société ultramachiste". Un chiffre bien sûr difficilement vérifiable, d´autant que les disparités sociales sont importantes dans le pays. Pourtant, contrairement à ce que l´on pourrait croire, le Chili a connu une période de légalisation de l´avortement thérapeutique, jusqu´en 1989, date à laquelle le general Pinochet l´a abrogé. Depuis, le sujet reste politiquement tabou. La concertation au pouvoir depuis la fin de la dictature est une association entre des partis démocratiques aux sensibilités différentes en ce qui concerne les valeurs morales (entre autres le Parti Socialiste, le Parti Pour la Démocratie et les Démocrates Chrétiens. "Si la loi sur le divorce a été vivement débattue pendant quatorze ans avant d'être approuvée il y a un an, rappelle Lidia Casas, professeur de droit à l'université Diego-Portales, on peut imaginer combien il est difficile de débattre de l'avortement." En 2004, le cas d´une enfant de onze ans, violée par le compagnon de sa mère et enceinte de plusieurs mois, a suscité les passions. Les anti avortements l´ont emporté et la petite fille a dû aller au terme de sa grossesse.
Libération cite le cas d´une journaliste de la télévision, enceinte de plusieurs mois et qui apprend que son enfant ne pourra survivre. “Dans n'importe quel pays du monde, on m'aurait immédiatement fait avorter”, souligne Suzana, la voix tremblante de colère. Mais, même thérapeutique, l'avortement est illégal. On lui explique qu'elle devra porter son foetus jusqu'à un avortement spontané. “On m'obligeait à rester enceinte sachant pertinemment que je ne serais pas mère, s'énerve-t-elle. Mon premier médecin connaissait ma situation. Très conservateur, il me l'a cachée pour éviter que je choisisse un avortement clandestin dans les deux premiers mois, quand ce n'était pas encore dangereux pour ma santé.” Celle-ci se dégrade très vite. Son second médecin décide en grand secret de la faire avorter. "Afin de nous éviter la prison, explique Suzana, il a falsifié le diagnostic, disant que mon foetus était déjà mort."Faute de loi, l´avortement reste donc un tabou moral et une marque supplémentaire des inégalités sociales. Les femmes qui en ont les moyens peuvent avoir accès à des cliniques privées; les autres se débrouillent comme elles peuvent... "Chaque année, plus de 30 000 d'entre elles se retrouvent d'ailleurs à l'hôpital suite à des complications".

Un débat lié, le retrait de "la pilule du jour d´après".
D´après le quotidien La Nación du 18 mars 2006, les laboratoires Grunenthal ont décidé de retirer du marché le médicament polémique, alors qu´ils font face à des demandes judiciaires et à la réduction des ventes du produit. La décision vient en contradiction du scénario judiciaire qui donnerait entière liberté pour la commercialisation du médicament. Mais le laboratoire a dû affronter une guerrilla judiciaire qui, additionée au manque de rentabilité commerciale, aurait terminé par provoquer la sortie du médicament des pharmacies. La "pilule du jour d´après" a donné lieu à des débats passionés durant le gouvernement du Président Lagos, quand la ministre de la santé était encore … Michelle Bachelet.




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