Depuis sa création en 1945, aucun témoignage n'avait jamais filtré sur l'intérieur de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA)! Comme François Ruffin l'avait fait en 2003 avec Les Petits Soldats du journalisme (une enquête sans concession sur la formation aux métiers de la presse), Olivier Saby n'a pas choisi le pamphlet pour dénoncer les travers de la formation de "l'élite de la République"... Son livre n'est pas non plus celui d'un reporter "infiltré", plutôt une somme d'anecdotes, souvent drôles, toujours édifiantes recueillies durant ses deux années d'ENA.
Ancien élève de l'Institut national des télécoms et de Sciences Po Paris, Olivier Saby avait le profil idéal pour intégrer l'école qui a vu défiler les plus grands noms et formé la plupart de nos ministres et Préfets (80 par an, dont François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Wauquiez, Lionel Jospin... depuis 1945).
L'obsession du rang de sortie...
De la sélection, qui intègre aujourd'hui plusieurs niveaux d'admission, jusqu'à leur sortie, les élèves sont infantilisés, éduqués, "moulés" pour réagir de la même manière à toutes les situations. Formés par des anciens énarques, qui commencent toujours par décliner le nom de leur promotion et leur rang (classement) de sortie, les lauréats peuvent passer des nuits entières de "négociation" pour choisir le nom de leur promotion, être abrutis par les règlements les plus incongrus, se livrer à des compétitions ridicules, toujours dans le but d'atteindre l'une des premières places de sortie...
Leurs enseignants viennent du gratin de la République, mais ils peuvent intervenir sur des sujets qu'ils ne maîtrisent absolument pas (un spécialiste des maladies infectieuses peut donner un cours sur l'économie de la télévision et à l'inverse un responsable de France 2 intervenir sur le budget du Ministère de l'Agriculture)... Très vite, tous ces futurs ministres, ambassadeurs, préfets... qui s'organisent pour ne plus suivre les cours qu'en alternance en trichant avec les feuilles de présence, reviennent à leurs préoccupations parisiennes (l'école est décentralisée à Strasbourg) et se mettent à calculer l'intérêt pour leur carrière -et leur carnet d'adresse - des lieux où ils vont effectuer leurs stage pratiques. Un stage dans une oeuvre humanitaire sera du plus grand chic pour celui qui se destine à la politique, les bureaux de l'Union Européenne à Bruxelles plus utiles à un féru d'administration... De toute manière, c'est l'école qui décide des lieux "d'immersion" et il n'est pas rare qu'un élève qui demande, comme Olivier Saby, Israël, se retrouve à Beyrouth !
Mois après mois, stage après stage, de Beyrouth à Bondy, de Brest à Tokyo, l'ancien élève raconte comment les énarques apprennent à capter le pouvoir. Derrière les murs strasbourgeois de cette ancienne prison pour femmes, peu de discussions sur l'avenir du pays, mais des pressions, des territoires convoités, la tragi-comédie du classement de sortie et un matricule pour la vie. Un témoignage qui se lit comme un roman, amuse comme une comédie, et qui laisse interdit.
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Ancien élève de l'Institut national des télécoms et de Sciences Po Paris, Olivier Saby avait le profil idéal pour intégrer l'école qui a vu défiler les plus grands noms et formé la plupart de nos ministres et Préfets (80 par an, dont François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Wauquiez, Lionel Jospin... depuis 1945).
L'obsession du rang de sortie...
De la sélection, qui intègre aujourd'hui plusieurs niveaux d'admission, jusqu'à leur sortie, les élèves sont infantilisés, éduqués, "moulés" pour réagir de la même manière à toutes les situations. Formés par des anciens énarques, qui commencent toujours par décliner le nom de leur promotion et leur rang (classement) de sortie, les lauréats peuvent passer des nuits entières de "négociation" pour choisir le nom de leur promotion, être abrutis par les règlements les plus incongrus, se livrer à des compétitions ridicules, toujours dans le but d'atteindre l'une des premières places de sortie...
Leurs enseignants viennent du gratin de la République, mais ils peuvent intervenir sur des sujets qu'ils ne maîtrisent absolument pas (un spécialiste des maladies infectieuses peut donner un cours sur l'économie de la télévision et à l'inverse un responsable de France 2 intervenir sur le budget du Ministère de l'Agriculture)... Très vite, tous ces futurs ministres, ambassadeurs, préfets... qui s'organisent pour ne plus suivre les cours qu'en alternance en trichant avec les feuilles de présence, reviennent à leurs préoccupations parisiennes (l'école est décentralisée à Strasbourg) et se mettent à calculer l'intérêt pour leur carrière -et leur carnet d'adresse - des lieux où ils vont effectuer leurs stage pratiques. Un stage dans une oeuvre humanitaire sera du plus grand chic pour celui qui se destine à la politique, les bureaux de l'Union Européenne à Bruxelles plus utiles à un féru d'administration... De toute manière, c'est l'école qui décide des lieux "d'immersion" et il n'est pas rare qu'un élève qui demande, comme Olivier Saby, Israël, se retrouve à Beyrouth !
Mois après mois, stage après stage, de Beyrouth à Bondy, de Brest à Tokyo, l'ancien élève raconte comment les énarques apprennent à capter le pouvoir. Derrière les murs strasbourgeois de cette ancienne prison pour femmes, peu de discussions sur l'avenir du pays, mais des pressions, des territoires convoités, la tragi-comédie du classement de sortie et un matricule pour la vie. Un témoignage qui se lit comme un roman, amuse comme une comédie, et qui laisse interdit.
Gilles Roman
(redaction@lyonenfrance.com)
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