Le film la marche suscite la polémique - et c'est tant mieux ! Présentée en avant-première à Lyon devant un public de lycéens ce mardi 5 novembre 2013, cette "libre adaptation" de faits réels est largement romancée, ce qui permet d'éviter la lourdeur d'un documentaire... Le film; très réussi, évite les écueils... Il suscite l'émotion, provoque le rire parfois avec les interventions d'un Jamel Debbouze tout en contradictions, s'interroge aussi sans concessions sur l'utilité de ce long périple à travers la France, qui aurait pu à tout moment dégénérer !
Formé par la rencontre improbable d'un prêtre, d'un fromager-chauffeur de camion, de jeunes issus de l'immigration jamais sortis de leur quartier, de personnes en rupture avec la société... la marche raconte autant de parcours différents qui donnent au final une multiplicité de points de vue sur cette histoire, traduite aujourd'hui par la volonté de chacun de raconter sa vision...
Si les points de vue sur cette France de 1983 sont nombreux, c'est aussi parce que les personnes qui ont formé le groupe n'avaient pas du tout le même bagage. Beaucoup ont gardé un souvenir amer de la récupération politique de leur formidable mouvement,... Le film rappelle par exemple qu'aucun d'entre eux ne s'est intégré dans le mouvement
SOS racisme qui s'est pourtant créé en réaction aux mêmes événements (une succession de crimes racistes, la montée du Front National...) et s'est largement appuyé sur leur histoire avec le logo de la main ouverte et le slogan
"Touche pas à mon pote"...
Très lucide, Toumi Djaidja, l'un des leaders de cette marche historique de 1983, vient de refuser, trente ans après, de recevoir à Vénissieux le Ministre de la Ville, François Lamy. Il s'en explique dans un communiqué
(lire ici) :
'Là où est née cette marche aujourd’hui dans ce quartier des Minguettes, la jeunesse ne peut relater cette histoire. Après l’espoir qui a porté les électeurs, c’est dans l’isoloir que chaque citoyen devra prendre sa responsabilité... ", écrit aujourd'ui Toumi Djaidja.
A paraître : "En marche" , un roman de Marilaure Garcia-Mahé
"Mila, jeune fille des Minguettes et Mathilde, étudiante parisienne, sont engagées dans un événement historique sans précédent : la marche pour l’égalité et contre le racisme. Elles ont à peine vingt ans et ne savent pas encore que cette marche va les transformer à jamais. Cet automne 1983, elles vont découvrir leur pays, la France, traverser des régions et vivre des émotions intenses, partir à la rencontre de personnes qui se reconnaissent comme elles dans les revendications de justice et de dignité. Au cours d’un périple de mille kilomètres et en rassemblant cent mille personnes à Paris, elles écrivent une page de l’histoire de France".
L'auteur, Marilaure Garcia-Mahé, est une participante "historique" de la marche - le livre est préfacé par Toumi Djaidja.
Et aussi :Ce livre a pour objectif d' éclairer certaines zones d' ombre grâce à un travail scientifique fondé sur une démarche empirique. L analyse de cet événement est une porte d' entrée idéale pour éclairer les relations sociales entre groupe national majoritaire et groupes minoritaires, au travers d' enjeux cruciaux pour la société tout entière : légitimité de la présence des immigrés sur le territoire, reconnaissance des déviances policières violentes, recrudescence des crimes racistes, passage de la rébellion violente à l' action collective non-violente, politisation des jeunes de cité, question post-coloniale, construction du « problème musulman », etc. L' histoire de la Marche constitue un puissant révélateur de ces enjeux politiques toujours d actualité.
1983-2013 : La longue marche pour l'égalité, par Nadia HATHROUBI-SAFSAF Cette marche pour l'égalité et contre le racisme, rebaptisée par les médias « marche des beurs », est considérée comme un acte fondateur pour un grand nombre de militants anti-racistes. Si pour certains, c'est la date symbolique d'une prise de conscience politique, elle est pour d'autres, le symbole des promesses trahies. Car trente ans plus tard, les revendications sont les mêmes : lutter contre les inégalités, les discriminations et les violences policières. Et malgré d'énième « plans Marshall », les banlieues sont plus que jamais ghettoïsées et régulièrement prises de secousses comme à Vaulx-en-Velin (1990), Mantes-la-Jolie (1991), sans oublier celles de 2005 Seront-ils toujours condamnés à marcher ?
Nous, les enfants de 1983 : De la naissance à l'âge adulte, par Marie MullierEnfants de 1983 : Nous naissons en plein tournant de la rigueur, dans une période où la musique, la mode et l'esthétique en général prennent une orientation douteuse. Nous grandissons en entendant parler de «nouveaux pauvres», de «crise» et de «Cac 40», puis voyons chuter le mur de Berlin et un autre monde se dessiner. Monde dont les fondations trembleront à nouveau en 2001, au moment même où nous atteignons la majorité...La vraie histoire de la Marche des Beurs, par Michael Augustin"Découvrez la vraie histoire de la Marche des Beurs, l'une des plus belles aventures humaines du XXe siècle". (préface de Najat Vallaud Belkacem) - ""Dix ans de marche des Beurs" par Saïd Bouamama"Je me souviens encore nettement de ce souffle impressionnant et de cette certitude de vivre un événement historique. Nous étions enivrés par notre nombre, notre joie, notre force. " Une décennie plus tard, à l'heure où j'écris ces lignes, le ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, fait voter une série de lois qui déstabilisent les populations issues de l'immigration. De nouveau l'ère des expulsions inhumaines et de la précarisation massive semble être revenue. Les réactions de la société civile sont quasi inexistantes et un consensus plus ou moins explicite s'instaure. Du côté des populations issues de l'immigration, l'impuissance et le désabusement occupent l'essentiel du paysage. " Que s'est-il donc passé au cours de cette décennie ? Où est le "mouvement" ? Faut-il définitivement se résigner à une régression aux couleurs de l'ethnisme, de la xénophobie et de l'exclusion ? "
"Génération Beurs : Français à part entière" (collectif) Portraits croisés de 20 personnalités issues de l’immigration maghrébine qui lèvent le voile sur leur parcours et leur identité profonde pour en finir avec les clichés anti-beurs.(...) Pourquoi, malgré l’intégration réussie et l’émergence d’une classe moyenne française d’origine maghrébine, persiste-t-il des résistances à l’intégration de ces Français à part entière ? Pour tenter de répondre à ces questions, les auteurs ont choisi de faire entendre les voix de certains membres de la « communauté beur ». Vingt-et-un ans portraits intimes, des parcours et des points de vue différents pour mieux appréhender les crises que traversent la société française et en finir avec les clichés. Le livre "officiel"
Christian Delorme est prêtre, né à Lyon en 1950. Surnommé "le curé des Minguettes", il a initié la Marche pour l'égalité des droits et contre le racisme (Marche des beurs) en 1983. Il continue à travailler pour le dialogue islamo chrétien et la défense des droits des immigrés. Depuis septembre 2007 il est curé de deux paroisses de la banlieue lyonnaise.
Gilles Roman
(redaction@LYonenFrance.com)
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