Pierre Lellouche et JJ Queyranne |
"On ne peut pas trimbaler un déficit de 7 Milliards par mois !"
"On parle toujours du déficit de la sécurité sociale", rappelle Pierre Lellouche, mais en matière de déficit, celui du commerce extérieur bat des records ! Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le mois dernier, la France a perdu 7 Milliards d'Euros quand nos voisins allemands en gagnaient près de 15 ! "On dit que c'est la faute à l'Euro ou à la facture énergétique, mais le problème de fond n'est pas l'Energie, les allemands eux aussi ont une facture énergétique... Quant à l'Euro, c'est bien notre monnaie commune ! "... "Il faut bien comprendre que l'Allemagne a encore 25% d'emplois industriels quand nous n'en avons plus que 14 % !"
Dynamiser l'export dans toutes les régions de France.
Dans ce noir paysage, la région Rhône-Alpes est l'une des seules à tirer son épingle du jeu. Plus industrialisée que les autres et dotée de nombreuses PME innovantes, elle connaît un (léger) bénéfice de son commerce extérieur. Mais cela ne l'empêche pas d'être atteinte d'un mal bien français : la multiplication des services spécialisés dans l'exportation, à tel point que les entrepreneurs se perdent dans le réseau d'"accompagnants" à l’international.
Daniel Gouffé, Président de ERAI (Entreprises Rhône-Alpes International) signe lui aussi la charte pour une meilleure coordination des actions |
Fixer des objectifs chiffrés et ambitieux
Pour remédier à ce défaut chronique de coordination, tous les interlocuteurs ont accepté de signer un accord qui répond aux trois objectifs proposés par le Ministre : clarifier les rôles de chaque partenaire dans la chaîne d’accompagnement des entreprises à l’export ; mettre à la disposition de chaque entreprise de la région un point de contact (dans les chambres de commerces) pour la conseiller et l’orienter dans sa démarche export ; fixer à chaque partenaire des objectifs chiffrés, ambitieux mais réalistes de diagnostic, de conseil et d’accompagnement à l’export des entreprises.
"Nous n'avons pas besoin d'un fonctionnaire pour nous rédiger des rapports sur l'Etat de l'économie de la Bohème", plaisante Pierre Lellouche, "ce qu'il nous faut , ce sont des apporteurs d'affaires".
Il espère que la charte signée en Rhône-Alpes, comme la "Maison de l'exportation" créée à Lille, "feront des petits" en donnant l'exemple de la coordination. "Grâce à cette charte, on évitera les doublons : si un organisme, qu'il soit régional ou national, de droite ou de gauche, est bon dans un pays, ce n'est pas la peine qu'un autre y envoie des VIE".
Un service public de l'export de proximité
En conjuguant les efforts et les moyens de l’Etat, du Conseil régional, représenté par Jean-Jack Queyranne, de la Chambre de Commerce et d’Industrie Rhône-Alpes (CCIR), Ubifrance, la Coface, Oseo et des Conseillers du Commerce Extérieur, le texte signé aujourd’hui va permettre la mise en place d’un service public de l’export de proximité, lisible, efficace et optimisé en matière de financements publics. Le point de contact pour l’export proposera aux entreprises une offre commune d’accompagnement, de conseil, de financement et de garanties export.
Nos agriculteurs sont "tournés vers Bruxelles et la chasse aux subventions" plutôt que l'ouverture de marchés à l'exportation...
Les chiffres actuels sont peu flatteurs : en 2010, la France a perdu 51 Mds d'Euros quand l'Allemagne en gagnait 150... "Il faut savoir que 10 Mds correspondent à 25000 emplois en CDI" rappelle le secrétaire d'Etat qui renvoie la responsabilité de cette situation à ses lointains prédécesseurs : si le commerce extérieur a été auparavant de la responsabilité de Christine Lagarde et de Anne Marie Idrac, il préfère rappeler "les années Jospin, quand nous avons fait des choix qui ont renchéri le coût du travail". Avant de relativiser : "si on fait les comptes des entreprises, nous avons 81.700 PME exportatrices, un chiffre qui a diminué de 16% en 10 ans (les allemands en ont 450000 et les italiens 200000!) . "Quant à nos agriculteurs, ils ne sont pas tournés vers l'exportation et l'ouverture de marchés, mais vers Bruxelles et la chasse aux subventions de la PAC (Politique Agricole Commune)..."
La traditionnelle métaphore sportive
Pour aider les entreprises à conquérir de nouveaux marchés à l’export, Pierre Lellouche pense que l’Etat assume son rôle : "il donne l’exemple à l’étranger comme dans nos régions et s’est pleinement mobilisé avec la mise en œuvre du plan export que j’ai présenté le 10 février dernier à Bercy... Pour cela, je travaille dans deux directions concomitantes : à l’étranger, sur notre «ligne d’avants» et en région sur notre «ligne d’arrières»... "Le succès de l’Equipe de France à l’international passe par la mobilisation de l’Etat, de tous les autres acteurs publics et privés actifs à l’export au profit de nos PME et ETI : elles ont tous les atouts pour réussir, et j’ai une totale confiance dans leur capacité à relever le défi !"
Gilles Roman
(redaction@LYonenFrance.com)
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