Le suicide, une Grande Cause Nationale pour le Conseil Economique et Social

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 Suite au suicide d’un chômeur à Nantes, Karine Merle, professeur de gestion des ressources humaines à l'Idrac et spécialiste du suicide en entreprise, s’interroge sur le statut social que confère le travail à l’homme et sa « valeur signifiante » Pour Karine Merle : « L’absence ou la privation de travail peut-être considérée dans notre société moderne comme anormale au sens propre du terme. »


Karine Merle
 Karine Merle est Docteur en sciences de gestion, Enseignant / Chercheur Responsable département RH « Programme Grande Ecole » de l’IDRAC ; elle a travaillé sur le suicide en entreprise « Si la dimension individuelle, personnelle de l’acte suicidaire n’échappe à personne, sa dimension sociale est essentielle (Durkheim). Après le suicide de certains salariés, c’est celui d’un chômeur qui nous interpelle tous. Le point commun à ces deux statuts ? La référence au travail. En regardant l’organisation de nos vies individuelles et collectives, force est de constater la place centrale du travail comme valeur ordonnatrice sociale et identitaire. 
Le travail confère un statut, un rôle, une place. Il participe à l’organisation des rythmes de vie, il influence l’aménagement de l’espace urbain. En outre, il constitue une valeur signifiante pour l’individu. Il permet de se positionner et d’inscrire son action dans un projet qui lui donne sens.  Si la logique administrative relève d’une logique toute rationnelle, sa perception et son vécu par l’individu peut confiner à l’absurde, à la perte de sens et finalement au désespoir. L’émergence des risques psychosociaux peut être considérée comme le fruit d’une modernité réflexive (beck) propre à notre rapport au travail, aujourd’hui en pleine mutation. » 

Le CESE appuie la création d'un Observatoire du suicide :
Le journaliste lyonnais Gérard Clavairoly et le professeur Michel Debout, qui exerce à Saint-Etienne,  le réclamaient depuis plusieurs mois, entre autres par la publication du livre «Le suicide : Un tabou français» : le suicide pourrait rapidement être considéré comme une grande cause nationale, suite à l'avis favorable donné par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) le 12 février 2013.
La ministre de la santé Marisol Touraine, qui participait aux travaux, s'est dite préoccupée par l'augmentation du phénomène et s'est déclarée favorable à la création d'un observatoire national des suicides qui verra le jour dans les prochains mois.
Au delà de la rédaction d'un rapport annuel, cet observatoire aura des objectifs d'efficacité, pour mieux repérer et alerter sur ce phénomène qui touche en France de plus en plus de personnes : 220.000 personnes tentent de mettre fin à leurs jours chaque année et 11.000  réussissent effectivement leur suicide, ce qui représente en 2012 une mortalité beaucoup plus importante que celle des accidents de la route !

Gilles Roman
(redaction@LYonenFrance.com)
 Publications de Karine Merle :« Le suicide au travail : une nouvelle responsabilité pour l’entreprise », colloque ADERSE, Association pour le développement de la responsabilité sociale de l’entreprise, Pau, Janvier 2009
 « Quelle relation d’emploi dans les zones périurbaines et territoires émergents ? Exploration du schéma mental, base du contrat psychologique », (co-auteur JY Hamiot), Management et avenir, vol 32, pp. 214-232 (catégorie 4, CNRS)
 « Le contrat psychologique comme clé de compréhension du suicide au travail », Humanisme et entreprise, vol 296, pp. 41-60
« Le sacré dans la relation d’emploi : tout peut-il s’échanger ? », (co-auteur JY Hamiot), colloque Propédia, Paris, 2011 

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