#Municipales2020 Communiqué du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil)
L’audience de la communication territoriale (magazines municipaux, lettres d’information par courriel des collectivités…) dépasse depuis une dizaine d’années celle de la presse indépendante locale.
L’écart se creuse : les médias institutionnels se développent et la presse locale indépendante s’étiole. Ce déséquilibre met en péril la démocratie locale, qui ne peut exister sans une information indépendante et plurielle. En effet, les médias institutionnels ne sont pas indépendants !
Leur ligne éditoriale reflète celle de l’exécutif de la collectivité dont ils dépendent.
Face à ce danger, le Spiil (Syndicat de la Presse en Ligne) émet quatre propositions, qui visent à mieux distinguer la communication de l’information, à favoriser la transparence et à éviter les distorsions de concurrence.
1. La com’ territoriale a aujourd’hui plus de moyens et d’impact que la presse locale indépendante
Ces dernières décennies, le poids de la communication a dépassé celui de l’information locale. À mesure que les journaux fusionnaient ou disparaissaient, les collectivités ont développé un arsenal de médias qui pèse aujourd’hui beaucoup plus que celui de la presse indépendante. Les chiffres régulièrement publiés par Cap’Com, association qui fédère les professionnels de la communication publique et locale, sont édifiants. Selon leur dernière étude sur la presse territoriale (2017), 150 millions d’exemplaires de magazines des collectivités territoriales sont imprimés chaque année, représentant 10% de la presse magazine et 50% de la presse newsmagazine. En moyenne, un foyer reçoit 16 journaux territoriaux par an. 95% des communes de plus de 5 000 habitants éditent un journal, 84% éditent un site, 46% éditent plusieurs supports. 97 % des collectivités qui éditent une publication disposent aussi d’outils numériques pour informer leurs habitants.
Selon les baromètres réalisés par Cap’Com depuis 2009, la “presse” territoriale est devenue la première source d’information locale et l’écart se creuse avec la presse d’information indépendante.
Cette domination s’explique par les moyens dont disposent les collectivités pour déployer leurs médias, sans commune mesure avec ceux de la presse d’information indépendante. Même contraints, les budgets municipaux se chiffrent en dizaines de millions d’euros dès qu’une ville passe les 5 000 habitants et si le poids de la communication ne pèse qu’environ 1 % de ce budget total, cela reste très élevé par comparaison aux chiffres d’affaires de nombreux journaux locaux indépendants.
Selon la dernière étude de Cap’Com, 8 000 personnes travaillent dans la presse territoriale. Dans le même temps, le nombre de journalistes travaillant pour la presse quotidienne régionale (PQR) est passée de 6400 à 5 800 entre 2007 et 2017, selon le baromètre social réalisé pour les Assises du journalisme 2019 par le sociologue des médias Jean-Marie Charon.
2. Ce déséquilibre pose un problème démocratique
La communication territoriale est légitime pour faire connaître l’action d’une collectivité, communiquer les informations pratiques aux habitants, promouvoir les initiatives et acteurs locaux, la vie d’un territoire, rendre compte des décisions prises par le Conseil municipal... Elle ne peut remplacer une information indépendante effectuée sur la base d’un travail journalistique car il s’agit par définition d’un outil de communication directement lié à l’exécutif de la collectivité. Au fil des pages, s’y déroule une présentation positive et orientée de l’action de la majorité sans pluralisme des points des vue hormis des mini-tribunes de l’opposition reléguées en fin de journal sur un espace restreint. Sur des sujets qui font débat, comme par exemple un projet urbain, la mise en place d’une délégation de service public ou n’importe quelle décision qui touche au fonctionnement ou aux finances de la collectivité, le citoyen est en droit de bénéficier d’une information pluraliste. Cette information doit porter à sa connaissance non seulement les motivations du chef de l’exécutif mais aussi les réserves éventuelles d’associations ou de l’opposition ; elle doit resituer le projet dans son contexte et permettre à chacun de se forger une opinion. Il importe donc de bien distinguer la communication territoriale de l’information indépendante et de veiller à ce que l’une n’étouffe pas l’autre.
3. Cette communication cache de l’opacité
La démocratie locale gagnerait à ce que les données publiques relatives aux décisions de l’exécutif soient mise à disposition en toute transparence. Ceci n’est pas la règle aujourd’hui. Très peu de communes mettent en ligne les délibérations votées en Conseil municipal et il est même souvent difficile de trouver la date et l’ordre du jour du Conseil municipal. Un budget devrait être accessible facilement et intégralement, et pas seulement sous la forme d’un résumé enjolivé et orienté. Alors que les séances de l’Assemblée nationale et du Sénat sont filmées en direct, et que la majorité des conseils municipaux sont enregistrés pour effectuer le compte-rendu, la diffusion - a minima audio - des conseils pourrait être mise à disposition.
Beaucoup de collectivités qui se dotent de web TV auraient même largement les moyens de filmer leurs séances. Certaines le font, mais elles sont encore très minoritaires.
4. Propositions
Proposition 1 : demander une transparence des dépenses de communication
Demander aux collectivités de produire un rapport annuel détaillant les dépenses de communication, précisant notamment les dépenses relatives aux différents médias (magazines, site Internet, application, web TV…) ainsi que le budget publicité alloué à chaque média local.
Proposition 2 : encadrer les dépenses de communication
Ces dépenses pourraient être limitées à un certain montant annuel par habitant.
Proposition 3 : interdire le recours à la publicité commerciale
Interdire aux collectivités de recourir à la publicité pour financer leurs médias afin d’éviter des distorsions de concurrence avec les médias indépendants locaux dont le modèle repose en partie sur la publicité, mais aussi les risques de favoritisme ou de conflits d’intérêts entre annonceurs et exécutifs locaux. Cette mesure figurait déjà dans le rapport du député Giran en 2012.
Proposition 4 : informer avant de communiquer
Demander aux collectivités de publier les données brutes relatives aux décisions locales (ordre du jour des conseils municipaux, délibérations, compte-rendu complet des séances, arrêtés…) dans le cadre de relevé des actes mis en ligne dans les 7 jours suivant la décision. Recommander la retransmission filmée ou au moins audio des assemblées délibératives publiques.
A découvrir : la chaîne YouTube ! :
L'actu. lyonnaise en vidéos :
Créé en octobre 2009, le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil) réunit 190 éditeurs indépendants représentant 200 titres de presse.
Ses objectifs sont de :
• Promouvoir une presse indépendante et de qualité en particulier sur Internet.
• Défendre un cadre juridique et réglementaire qui permette un réel développement économique de la presse indépendante, et assure sa pérennité.
• Participer activement au renforcement d'un métier en pleine évolution.
<== Retour à LYFtv.com
Nouveautés : les derniers articles ==>
La playlist Music & News :
1 comments :
An impressive share! I have just forwarded this onto a coworker who was doing a little research on this.
And he in fact ordered me lunch due to the fact that
I found it for him... lol. So let me reword this....
Thank YOU for the meal!! But yeah, thanks for spending time to talk about this subject here
on your web page.
Enregistrer un commentaire
Vous devez être connecté pour commenter - Inscrivez vous...