Avec la hausse des températures, les îlots de chaleur urbains sont de plus en plus mal ressentis par les habitants de l’agglomération de Lyon.
Depuis un an, la collectivité du Grand Lyon et sa nouvelle majorité ont mis en œuvre plusieurs actions pour lutter contre un phénomène qui ne fait que s’amplifier depuis plusieurs années.
Il n’est toutefois pas toujours possible de végétaliser à cause de présence de réseaux ou de parcs de
stationnement souterrains. La Métropole a donc décidé de lancer une expérimentation
grandeur réelle de mise en place, sur trottoir, d’une peinture anti-chaleur.
Cette initiative revient à Sonia Turmel, agent du service voirie de la Métropole dans le 7e
arrondissement de Lyon. Dans le cadre de son mémoire de fin d’études d’ingénieur travaux au Cnam
portant sur les revêtements de voirie innovants, elle a proposé de tester les qualités d’une peinture «
anti-chaleur » sur un revêtement de voirie existant, en termes d’isolation thermique, de glissance et
de tenue aux sollicitations urbaines.
Le produit qui va être expérimenté est appelé «Climat’road» par l’entreprise Agilis qui le
commercialise. Il est présenté comme capable de réduire les températures de surface d’au moins 10°C
en période de forte chaleur et de participer ainsi à la réduction des îlots de chaleur urbains (ICU).
sera expérimentée rue Béchevelin à Lyon
Cette peinture recouvrante permet de baisser les températures des sols, notamment le soir, au
moment où les voiries et les bâtiments restituent toute la chaleur accumulée pendant la journée.
À l’origine, ces peintures ont été mises au point dans l’aérospatiale pour revêtir des éléments
constitutifs des fusées et éviter leur montée en température lors de la pénétration dans l’atmosphère.
Ce type de produit est aujourd’hui utilisé dans le secteur du bâtiment pour isoler les toitures, les toits
ou les terrasses.
Climat’ROAD est une peinture à l’eau sans solvant dont la particularité est d’intégrer des billes de
céramique. Ces billes de céramique sont constituées de vide, créant ainsi une isolation de la surface
traitée. C’est ce vide qui empêche le stockage des calories et permet donc de diminuer la chaleur. L’application de produit pour « accrocher » au sol n’est pas nécessaire et la peinture peut donc être
appliquée directement sur le trottoir ou l’espace choisi. Sa mise en œuvre est possible sur les zones
dans lesquelles la fréquentation est élevée, les trottoirs ou les parkings et ce, quel que soit le type de
revêtement (béton, asphalte, enrobé…). Le coût de l’application de cette peinture est de moins de
20€/m².
Le lieu de l’expérimentation (rue Bechevelin, Lyon 7
e
)
Il a été choisi pour plusieurs raisons :
• Le trottoir qui sera recouvert est situé entre deux lieux en cours de requalification : aux abords
du groupe scolaire Gibert Dru (rue Saint-Michel) et près de la Place Bullard qui sera
prochainement végétalisée. Cette situation de proximité géographique permettra de mesurer
l’efficacité du produit comparativement aux aménagements plus lourds et à la végétalisation.
• Ce trottoir est très passant et il est exposé au sud-est en centre urbain dense et centre
historique. Il est situé à proximité d’une terrasse, d’une école et au pied d’une résidence
étudiante. Il est donc très sollicité et subit de nombreuses salissures.
La résistance de cette
peinture et son nettoiement seront testés en conditions réelles pendant cette année
d’expérimentation. Pour éviter l’éblouissement, il sera appliqué dans une couleur ocre, proche
du béton désactivé.
Parallèlement à cette expérimentation grandeur nature, une planche test sera installée en extérieur
au sein du laboratoire voirie de la Métropole. D’une surface de 0,25 m², elle permettra l’installation de
capteurs fixes en surface, dans l’épaisseur de la peinture et sous la peinture, c’est-à-dire entre
l’asphalte et la peinture. Ces capteurs seront reliés à un central qui permettra de suivre l’évolution du
produit 24h/24h.
Au-delà des données recueillies sur la planche test, un suivi régulier de l’expérimentation sera mis en
œuvre pour vérifier l’impact de ce revêtement sur la température de surface du trottoir et sur son
rayonnement. Ce suivi durera un an – le temps de l’expérimentation – et permettra de mesurer les
résultats sur les quatre saisons en particulier :
• l’évolution de la glissance de la surface
• les températures de surface lors des journées chaudes et caniculaires, et des journées froides
lors des épisodes de gel
• l’évolution de l’indice albédo (indice de réfléchissement des rayons du soleil) au cours du
temps
• le constat visuel de la résistance aux usages de l’espace urbain (nettoyage, chewing-gum,
cigarettes, liquides sucrés, alcools…) et au nettoyage par balayeuses mécaniques
• le ressenti des riverains à l’aide de sondages façon « micro-trottoir »
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La température grimpe fortement
dans les zones très urbanisées.
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Les actions de la Métropole pour réduire les îlots de chaleur urbains
Les îlots de chaleur contribuent à l’exposition des populations urbaines à des chaleurs plus élevées. Ils
ont été montrés responsables d’une surmortalité en période de canicule. Les personnes les plus
affectées par les ilots de chaleur sont les personnes vulnérables, notamment les personnes de plus de
75 ans, les personnes souffrant de pathologies chroniques ou aigües et les enfants de moins de 5 ans.
Les épisodes caniculaires vont devenir plus fréquents et plus intenses du fait du réchauffement
climatique.
La Métropole entend conduire une politique ambitieuse à deux niveaux :
- la réduction à court terme du phénomène des ilots de chaleur avec la végétalisation des espaces urbains, une place plus importante donnée à l’eau, l’utilisation de matériaux urbains qui emmagasinent moins la chaleur.
- à long terme, la réduction de l’émission de gaz à effet de serre responsable du
réchauffement climatique avec la limitation de la place de la voiture dans l’espace urbain avec l’extension de de la Zone à
faible émission (ZFE) aux véhicules particuliers, l’isolation des bâtiments avec un accompagnement renforcé pour aider les particuliers dans
leur rénovation énergétique (ECORENO’V), la mise en place d’une stratégie d’achat responsable prenant en considération les émissions
de gaz à effet de serre et enfin la végétalisation des menus dans les cantines des collèges.
Au cours de cette mandature, la Métropole conduit des actions de végétalisation des centres urbains
et de conservation des arbres d’alignement.
L’idée est de développer les espaces végétalisés dans tous
les collèges de la Métropole et dans les espaces urbains de façon plus générale. Cette végétalisation du territoire a commencé avec la création de forêts urbaines, la plantation
d’arbres d’essences différentes adaptables au réchauffement climatique et des études lancées pour
permettre la désimperméabilisation des sols.
Déjà deux forêts urbaines ont été créées sur le territoire de la Métropole :
- Saint-Priest sur deux hectares entre le parc technologique de la porte des Alpes et l’aéroport
de Bron. 2 000 arbres, 600 arbustes et une prairie fleurie y ont été plantés.
- L’arboretum de Sathonay-Camp situé à l’extrémité de la ZAC Castellane comprend 107 arbres
plantés dans un bassin d’infiltration enherbé.
Dans le même temps, 46 arbres ont été plantés dans la darse de Confluence, 19 arbres d’alignement
d’essences différentes quai Sarrail à Lyon (6e
) et la collectivité a voté une enveloppe de 1,5 millions €
pour la végétalisation de 2 collèges métropolitains.
Le plan Canopée est renforcé avec des plantations qui ne se concentreront plus uniquement sur les
arbres d’alignement mais intègreront les différentes strates végétales : arbres, arbustes de grande et
moyenne taille et plantations herbacées à l’image de ce qui vient d’être fait quai Sarrail. Ceci permettra
d’accroître l’apport de fraîcheur, de créer des refuges de biodiversité et d’améliorer la qualité
paysagère des rues et des espaces publics.
Plantation d’arbres quai Sarrail.
Afin de créer des îlots de fraicheur, la collectivité recourt aux techniques alternatives pour la gestion
des eaux pluviales avec la création de noues et de bassin d’infiltration.
Ces actions seront amplifiées
durant le mandat avec l’ambition de désimperméabiliser 400 ha, quatre fois plus qu’au cours du
mandat précédent pour favoriser l’infiltration des eaux pluviales et par conséquent le maintien de
l’humidité dans les sols.
Le projet « Life artisan » en est un exemple : les travaux de création de 20 fosses d’infiltration autour
d’arbres en milieu urbain dense débutent dès cet automne.
De façon complémentaire, la Métropole porte une attention particulière au choix des matériaux et des
revêtements dans l’espace urbain afin d’éviter le recours à des matériaux qui accumulent la chaleur
au cours de la journée à l’exemple de l’expérimentation qui débute rue Bechevelin.
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par Gérald Bouchon sur Lyon Demain
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