FranceTVinfo annonce la mort de Guy Bedos, quelques jours après celle de son parolier J.L. Dabadie

"Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux. Comme je suis fier de t'avoir eu pour père." L'acteur Nicolas Bedos a annoncé, jeudi 28 mai, que son père, l'humoriste et comédien Guy Bedos, était mort à l'âge de 85 ans. "Embrasse Desproges et Dabadie vu que vous êtes tous au Paradis", a également écrit Nicolas Bedos dans un message sur Instagram.

Son premier 33T sur des textes 
de JL Dabadie 

La violence en héritage

Né le 15 juin 1934 à Alger, dans une famille pied-noir d’origine espagnole, il grandit dans la violence. Son père, Alfred Bedos dirige un laboratoire de produits pharmaceutiques. Sa mère, Hildeberte Verdier, est la fille du proviseur du lycée d’Alger. Le couple se sépare alors qu’il est encore très jeune. Guy Bedos ne reverra son père que de loin en loin. Sa mère se remarie avec un homme qui la bat. Elle frappe son fils en retour. C’est une femme raciste et antisémite. Guy Bedos racontait qu’elle avait une photo du Maréchal Pétain dans son sac. 

Il l’aimera malgré tout, comme on aime son bourreau mais, de cette enfance massacrée, gardera toute sa vie des bleus à l’âme. Le rire sera pour lui un exorcisme. "Je suis un pur résilient ", déclara-t-il un jour. La seule définition du rire qu’il acceptait était celle du philosophe Kierkegaard : "L’humour est la politesse du désespoir". "J’ai passé ma vie à faire du drôle avec du triste"  disait-il. A sept ans, Guy Bedos est placé en pension chez une femme qu’il surnomme Finouche. Elle lui servira d’institutrice et lui enseignera des valeurs à l’opposé de celles de sa mère : l’humanisme, la tolérance, le respect de l’autre. Il ne l’oubliera jamais et lui dédiera son livre Mémoires d’outre-mère.

Guy Bedos et son ami Jean-Paul Belmondo en 2017 (NIVIERE/SIPA)

Un antiraciste obsessionnel

Guy Bedos a 16 ans lorsqu’il arrive à Paris avec sa mère et ses deux demi-sœurs, des jumelles. Il quitte alors définitivement  le foyer familial et décide de prendre des cours de comédie à l’école de la rue Blanche. Il y rencontre Belmondo - " mon plus vieux copain " - Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et bien d’autres. Le jeune comédien refuse de faire la guerre d’Algérie et évite de peu la prison. Il sera réformé pour maladie mentale. "Plutôt crever que d’aller tirer sur mes copains",  disait-il. Il se définissait comme "un antiraciste obsessionnel ". 

A 20 ans, il décroche son premier rôle au cinéma dans un film au titre prémonitoire : Futures vedettes de Marc Allégret. Deux ans plus tard, il apparaît pour la première fois à la télévision dans Virage dangereux, un rôle dramatique. "J’ai commencé à écrire des sketches par hasard ", racontait-il en 2013 dans le quotidien Libération. " J’ai interprété un premier sketch, signé Jacques Chazot, lui l’homo de droite et moi l’hétéro de gauche, à la Fontaine des quatre saisons où je croisais Boris Vian, Béjart débutant. Ce cabaret était dirigé par Pierre Prévert, le frère de Jacques. C’est lui, Jacques, l’idole de mon adolescence, qui m’a dit un jour : "Vous devriez écrire.» J’ai acheté un cahier et, le lendemain, c’était parti".

La drague 

Il commence au music-hall. En 1965, il partage l'affiche avec Barbara à Bobino. Il se dirige ensuite vers un répertoire comique avec Sophie Daumier, qui sera sa compagne à la ville comme à la scène. Le duo triomphe en 1972 avec un sketch inoubliable baptisé "La drague". Le couple danse un slow langoureux. Le spectateur entend les voix intérieures des deux danseurs. Et tandis que Monsieur, persuadé d’emballer sa partenaire, s’encourage à grands coups de "Vas-y Jeannot", Madame, au bord de l’esclandre, doit supporter ses mains baladeuses et son eau de toilette malodorante! C’est hilarant et terriblement moderne. La drague restera leur plus grand succès populaire. 

Le tandem bouscule les codes de l’humour dans les années 70. Dans un autre sketch, "Les vacances à Marrakech", ils dénoncent de façon grinçante les clichés racistes. Certains ne comprendront pas et prendront leurs outrances au premier degré. Ils seront censurés. Après plus de dix ans de vie commune, le couple se sépare en 1977.

Le duo Guy Bedos et Sophie Daumier en 1975 : "Les vacances à Marakech" (ALAIN LIENNARD/ INA)

Le Simon d'un éléphant

Guy Bedos poursuit sa carrière en solo. Il va alors se partager entre le one-man-show, le théâtre, le cinéma et l’écriture de livres (plus d’une quinzaine après "Je craque" en 1976). Au cinéma, il tournera une trentaine de films dont quatre avec son ami, le réalisateur Yves Robert. Son rôle le plus marquant restera à jamais celui de Simon Messina dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis. Un médecin attachant complètement étouffé par une mère juive. Bien qu’elle soit alors à peine plus âgée que lui, Marthe Villalonga joue le rôle de sa truculente maman. La scène où elle débarque avec ses valises sur le cours de tennis où il joue avec ses copains restera dans les annales de la comédie. Ce sera l'une de ses rares concessions à ses origines. Il refusait de s'enfermer dans les rôles de pied-noir

Une revue de presse au vitriol

A la fin des années 70, Guy Bedos commence à intégrer une revue de presse à ses one-man-shows. Elle deviendra le point d’orgue de ses spectacles. Ses fans adorent ce moment où il égrène, l’air de rien, vacherie sur vacherie. Le comédien est proche de la gauche, en particulier de François Mitterrand, "mon Président préféré" disait-il. Sur scène, il se montre très dur avec la droite, Chirac puis Sarkozy sans épargner pour autant son propre camp. Qui aime bien châtie bien. Avec lui, tous les partis en prennent pour leur grade. « Je déteste la politique, déclare-t-il en 1971 dans l’émission A bout portant. "J’adore les couleurs cassées. En politique, c’est rouge, noir, blanc. Il faut marcher au pas, toujours, et moi, je suis un insoumis".

Jamais avare quand il s’agit d’éreinter la famille Le Pen, Bedos est un franc-tireur. Il flirte parfois dangereusement avec les limites. Sur scène, il traitera un jour Nadine Morano, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, de "conne". Poursuivi en justice pour injure publique, il sera relaxé, les juges ayant estimé que l’humoriste était dans son "registre habituel". Il enfoncera le clou en déclarant "Je n’insulte pas, j’informe"

"Je prends le risque de déplaire"  

Le rire grinçant, la plume acide, il n’épargne personne, pas même ses propres amis. "Je me suis octroyé la liberté de dire ce que je pense.Y compris lorsque c’est dangereux et que je peux déplaire. Je prends le risque de déplaire", avoue-t-il dans le journal Nice Matin en 2017. Comme ses amis Simone Signoret, Coluche ou plus tard Muriel Robin, Guy Bedos est un homme d’engagement. Il milite auprès de la Ligue des Droits de l’Homme et d’un certain nombre d’organisations comme Droit au Logement et l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. Il n’est jamais le dernier lorsqu’on l’appelle sur une manifestation pour utiliser sa notoriété. Les injustices le révoltent. 

Sur le plateau de l’émission Thé ou Café en 2003, il a les larmes aux yeux après la diffusion d’un reportage sur l’association « Vivre après l’explosion d’AZF " dont il est le parrain. Il se dit " halluciné par la dureté du monde". Et il affirme : "On n’arrivera pas à se débarrasser de la petite délinquance tant qu’on aura autant d’indulgence pour la grande, en politique ou dans l’industrie. Le poisson pourrit par la tête ".

Guy Bedos soutient les familles sans logis qui manifestent avec Droit au Logement le 21/10/2007 (LE FLOCH PASCAL/SIPA)

Dans sa vie privée, Guy Bedos est un tendre, un papa-poule revendiqué. "J'essaie de leur donner ce que je n'ai pas eu ", avoue-t-il sur France 2 en 2003. Marié à trois reprises, il aura quatre enfants.Trois filles, Leslie, Mélanie et Victoria et un garçon, Nicolas, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il avait aussi adopté le fils de Sophie Daumier, Philippe, mort comme sa mère d'une terrible maladie, la chorée de Huntington. Nicolas Bedos a hérité de l'humour mordant de son père et marche sur ses traces: il est acteur, metteur en scène, réalisateur, dramaturge et chroniqueur. Sur la scène du théâtre Hébertot, en 2005, Guy Bedos remonte sur les planches avec Sortie de scène, la première pièce écrite par son fils. Les répétitions se déroulent bien. "Il est beaucoup moins susceptible qu'on ne le pense" ironise Nicolas. 

Rideau!

En 2011, Guy Bedos décide de faire ses adieux au one-man-show. Son dernier spectacle, créé au théâtre du Rond-Point, s’appelle tout simplement " Rideau ! ". Pendant deux ans, il sillonne la France pour dire adieu à son public.Sur le plateau du journal de 13 heures de France 2, il confie : "J’adore ce métier. J’ai envie de pleurer certains soirs. Je sens le public affectueux. Je ne sais pas comment je vais me passer de ça. Il n’y a pas plus fort "

Guy Bedos et ses enfants Victoria et Nicolas en 2013 sur la scène de l'Olympia (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Dans le quotidien Libération en 2013, il ajoute: " Je vais continuer à m’exprimer, mais rien, pas même une pièce de théâtre, avec son jeu de profil, ne pourra plus me procurer une telle satisfaction. Donc, une part de moi va disparaître " Le 23 décembre 2013, à l'âge de 79 ans, il donne son ultime spectacle sur la scène de l'Olympia. Il l'a rebaptisé pour l'occasion  "La der des der". Très ému, Guy Bedos tire sa révérence entouré de ses amis, de sa femme Joe et de leurs enfants Nicolas et Victoria. 

Dans une interview accordée au journal Nice Matin en 2017, l'humoriste évoquait sa mort en ces termes: "Je ne vais pas m'attarder pendant vingt ans. Il faut vous habituer à ce que je disparaisse et peut-être même volontairement ! J'appartiens à l'association " Le droit de mourir dans la dignité " et je mourrai dans la dignité. Je n'attendrai pas d'être gâteux, d'être une charge pour tout mon entourage. J'ai décidé de décider moi-même de mon départ ".

Comme il le disait souvent sur scène, la vie de Guy Bedos fut une comédie italienne où " tu ris, tu pleures, tu vis, tu meurs ". 



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