Chiffres erronés, voire mensongers, sur la radioactivité des déchets, la Commission d'information indépendante (Criirad) s'indigne de la désinformation sur ce qui a été présenté seulement comme un "incident grave" à Marcoule le mois dernier. (lire l'article de LYon-Actualités "Accident sur le site nucléaire de Marcoule" L'Autorité de Sûreté Nucléaire vient de faire savoir que la charge du four était 476 fois supérieure à celle qui avait été annoncée le 12 septembre !
Dans le domaine du nucléaire, les dossiers changent mais les constats restent les mêmes : sous-évaluation des risques du côté de l’exploitant et manque d’esprit critique, voire complaisance, du côté des experts officiels. Le 23 septembre dernier, la CRIIRAD interpellait les autorités en charge de la radioprotection et de la sûreté nucléaire, Autorités de Sûreté Nucléaire et Ministères de la santé, de l’industrie et de l’écologie. Elle dénonçait le maintien du secret sur les éléments clefs du dossier et la publication, par l’IRSN, d’un chiffre étonnamment faible (63 000 Bq) pour l’activité des 4 tonnes de déchets métalliques présents dans le four au moment de l’explosion.
La CRIIRAD jugeait cette évaluation « absolument incompatible » avec le débit de dose de 8,5 µSv/h qui aurait été relevé sur le corps de la victime de l’explosion, M. José Marin. L’information sur le débit de dose provenant d’une source officieuse, la CRIIRAD déclare aujourd'hui qu'elle en était restée aux interrogations et à la demande de clarification.
Mercredi 28 septembre, via le site Internet du Dauphiné Libéré, la CRIIRAD prenait connaissance des déclarations du Procureur de la République en charge de l’instruction, M. Robert Gelli, des déclarations qui confirmaient la mesure du débit de dose.
La CRIIRAD a donc adressé hier au Procureur de la République, un courrier officiel soulignant qu’il est «impossible de mesurer un débit de dose aussi élevé si la contamination provient de déchets métalliques aussi faiblement contaminés que l’affirment l’exploitant et l’IRSN» et demandant que l’instruction intègre la réalisation d’une cartographie dosimétrique ainsi que des analysées en laboratoire afin d’établir l’activité réelle des 4 tonnes de déchets radioactifs.
L'Autorité de Sûreté Nucléaire demande des explications à l'exploitant
Dans son communiqué, la CRIIRAD indique qu'elle vient de prendre connaissance de la note d’information que l’Autorité de Sûreté Nucléaire a publié hier sur son site Internet et qui indique qu’il «s’avère que le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de déchets pour une activité de 30 MBq et non de 63 KBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant». Cette nouvelle évaluation est donc 476 fois supérieure à celle qui prévalait depuis le 12 septembre.
La Criirad se demande si cette réévaluation aurait été publiée si elle n’avait pas interpellé officiellement, par
lettre recommandée avec accusé de réception, les différentes autorités le 23 septembre dernier. Elle demande surtout pourquoi l’expert de l’Etat, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui était présent sur le site et qui dispose de moyens sans commune mesure avec ceux de la CRIIRAD, a repris sans réserve l’évaluation suspecte de l’exploitant...
A Marcoule, la CRIIRAD avait étudié le projet de création de l’installation CENTRACO et que l’une des principales critiques qu’elle avait formulée portait précisément sur le manque de fiabilité du système de contrôle de l’activité des déchets. Dans tous les cas, l’instruction devra déterminer si la sous-évaluation de l’activité des déchets relève d’une action délibérée de l’exploitant ou d’un défaut de maîtrise des substances radioactives qu’il met en œuvre. Quelle que soit l’explication, le constat est particulièrement préoccupant. Elle annonce qu'une plainte sera vraisemblablement déposée auprès des tribunaux.
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