La Fédération des Entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics du Département du Rhône vient de tirer un bilan de l'année écoulée et se déclare "dans l’expectative pour 2020".
Un bon niveau d’activité, les élections 2020 et de grandes interrogations
En cette fin 2019, l’activité reste encore à un bon niveau, même si les signes
d’essoufflement s’accumulent.
Traditionnellement, les années d’élections ne sont pas
les années les plus favorables pour l’économie.
La fédération peut confirmer que 2020
ne dérogera pas à cette règle compte tenu de l’évolution des indicateurs les plus
importants pour le BTP. Elle s’interroge et travaille désormais pour les deux années à
venir.
Il faut rappeler que le logement a été le secteur qui a porté l’activité du Bâtiment pendant
ces dernières années. L’investissement public local a été, quant à lui, le principal
pourvoyeur d’activité pour les Travaux Publics. Dans l’un comme dans l’autre cas, ces
deux marchés sont désormais orientés à la baisse et ce, pour une période qui
s’annonce assez longue.
Logement neuf : « la chute continue »
Le logement avait certes amorcé sa décroissance depuis déjà de nombreux mois pour
des raisons imputables à la politique du logement et à l’adoption du PLU-H, qui a différé
la délivrance de nombreuses autorisations.
Aujourd’hui, en termes de commercialisation, les réservations continuent de plonger
avec une grande régularité mettant en évidence l’insuffisance de l’offre à la vente et
l’actuelle pénurie de logements neufs.
Parallèlement, les autorisations suivent la même tendance montrant qu’un rebond de la
production n’est pas à attendre dans les prochains mois, malgré un léger regain des
mises en vente probablement lié à l’adoption du PLU-H en juin dernier. La question est
désormais de savoir quand l’application du nouveau règlement d’urbanisme aura un
impact sur les autorisations et la commercialisation de nouveaux programmes.
Il faut
rappeler que l’objectif de production du PLU-H est fixé à 8 500 logements par an et qu’il
est projeté d’accueillir annuellement 15 000 nouveaux métropolitains. Nous sommes donc très éloignés de cet objectif et l’écart entre l’offre et le besoin n’est
pas près d’être comblé. Il est probable que ces nouveaux arrivants chercheront à
s’implanter de plus en plus loin du cœur de l’agglomération dans la mesure où le marché
de l’ancien est également sous tension tout comme le marché locatif.
Investissement public local : « un atterrissage programmé »
S’agissant de l’investissement public local, il était attendu avec la proximité des
élections municipales et métropolitaines qu’un freinage s’opère. Il se manifeste déjà par
un recul des autorisations des surfaces annonciateur d’un creux attendu avec la mise
en place des nouvelles équipes dans les collectivités. Il se traduit d’ores et déjà par une
baisse des consultations pour les Travaux Publics.
Le secteur tertiaire et la rénovation : « entre dynamisme et stabilité »
Momentanément, pour le Bâtiment, le secteur tertiaire reste encore dynamique même
si les autorisations fléchissent présageant à terme d’une baisse des surfaces réalisées.
La rénovation, quant à elle, reste dans l’ensemble relativement stable, mais également
très tributaire des mesures gouvernementales.
Les grands projets d’infrastructures : « quelles perspectives ? »
S’agissant des grands équipements, il faut constater la quasi disparition des grands
projets d’infrastructures en dehors des projets en matière de transports en commun
pour les années à venir alors que les besoins sont bien présents notamment dans le
domaine routier. En effet, il faudra bien trouver des alternatives au déclassement de
l’A6-A7, qui deviennent des priorités. L’élargissement de la Rocade Est et l’amélioration
de ses connexions sont également des sujets qui devraient avancer assez vite.
Travailler sur le contournement de Lyon par l’Est est également une nécessité pour le
trafic de transit mais s’inscrit dans un horizon plus lointain.
Emploi : « plus de 50 000 salariés et des problèmes de recrutement »
Le BTP vient de franchir le seuil des 50 000 salariés dans le département montrant le
dynamisme du secteur en termes d’emploi. Ce chiffre se double d’un paradoxe :
rarement le secteur aura eu autant de difficultés à recruter. Le constat est unanime pour
les entrepreneurs tous métiers confondus et interpelle dans la perspective d’une reprise
de l’activité. C’est pourquoi, la profession est mobilisée pour travailler sur l’image des
métiers et pour la promotion de l’apprentissage. Une démarche, qui s’inscrit dans la
durée.
Lorsqu’il faudra augmenter les capacités de production, les entreprises risquent de ne
pas savoir faire, compte tenu de l’évolution de la pyramide des âges.
Commande publique : « lisser, entretenir et entreprendre »
En tout état de cause, la profession espère que la mise en place des équipes
municipales et métropolitaines soit beaucoup plus rapide que celle vécue pendant la
mandature actuelle. En effet, la création de la Métropole de Lyon a fortement retardé
l’exécution de la Programmation Pluriannuelle d’Investissement (PPI). La fédération
comprend bien que le lancement des principaux projets de la mandature ne puisse pas
se faire immédiatement. En revanche, il est essentiel selon elle de mieux lisser la commande
publique en pensant entretien, gestion du patrimoine et renouvellement, comme en
matière de réseaux (eau potable, assainissement, voiries ou ouvrage d’art…).
En début de mandat, ces travaux pourraient prendre le relais avant la réalisation de
projets plus importants. D’ailleurs, certains d’entre eux ne pourront plus se réaliser sur
un seul mandat, compte tenu de la proportion prise par les temps d’études, de
concertation et d’autorisation inhérents à leur réalisation. C’est pourquoi, leur réalisation
ne sera envisageable que sur deux mandats et plus parfois.
Aujourd’hui, la fédération BTP Rhône et Métropole milite pour une plus grande
permanence de l’action publique, qui permette d’inscrire certains projets dans le
« marbre » et d’éviter des remises en cause coûteuses et parfois dommageables à
l’intérêt général. Il est important de vouloir entreprendre, c’est-à-dire de commencer
certains projets même modestement, s’ils apparaissent comme bénéfiques. Cela
s’avère particulièrement vrai en matière d’infrastructures où le risque existe de déplorer
que « rien n’a été fait » ou que la réponse apportée soit « nous n’avons pas les
moyens ». Cela est primordial en matière de mobilité où nous voyons bien que la
demande des usagers est de plus en plus pressante et que les équipements envisagés
s’inscrivent dans un temps qui dépasse celui de l’élu.
Pour 2020 : « des équipes municipales ou métropolitaines ambitieuses »
Dans une période, où il est traditionnel de former des vœux, la profession souhaite que
les élections amènent aux responsabilités des équipes municipales et métropolitaines
ambitieuses, qui mettent en place des politiques de développement et d’ouverture des
territoires. Compte tenu des missions que les collectivités doivent remplir et des besoins
qui s’amplifient, les équipes doivent aller de l’avant, c’est-à-dire entreprendre.
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