Irlande- France : les Bleus vers une nouvelle Eire ?

Très critiquée depuis l'Euro 2008 où elle a joué un rôle de figurante, l'Équipe de France de Raymond Domenech n'a pas su séduire et s'imposer dans son groupe de qualification. Deuxième derrière la Serbie, la sélection française a toutefois décroché le droit de disputer les barrages de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. L'Irlande lui a été proposée lors du tirage au sort, effectué le 19 octobre dernier à Zurich. Et c'est ce soir (samedi 14) que se joue une partie de l'avenir des Bleus, rattachée probablement à l'avenir du sélectionneur. Domenech joue donc, comme la France, gros ce soir. Retour sur ce match décisif, en deux actes.

Un mieux en Équipe de France ?
Au plus bas après notamment une défaite contre le Nigéria (en match amical le 2 juin dernier), l'Équipe de France a depuis repris le chemin des qualifications et enchaîné « bon » et « moins bon » au fil des matchs, se résignant aussi parfois à une poisse coupable. Lloris expulsé très sévèrement et un penalty sifflé dans un match décisif contre la Serbie (1-1), Escudé malheureux buteur contre son camp face à la Roumanie (1-1), un match médiocre mais gagné dans la douleur face aux Iles Féroés (1-0), la France faisait du sur-place jusque septembre dernier.
Mais depuis octobre et les deux derniers matchs de qualification, les Bleus semblent avoir retrouvé de l'allant offensif. Face aux Iles Féroés, d'abord, où Gignac par deux fois, puis Gallas, Anelka et Benzema clôturaient un score de 5-0 en faveur de l'Équipe de France. Contre l'Autriche, aussi, il y a tout juste un mois, où les hommes de Raymond Domenech ont pris leur revanche au Stade de France (3-1). Mais c'était un réveil trop tardif des Bleus, qui n'ont pas pu passer devant la Serbie, leader du groupe et directement qualifiée pour le Mondial 2010.
Notre équipe nationale a donc décroché le droit de disputer les barrages du Mondial, face à l'Irlande. Et même si, tradition française, on donne beaucoup de crédit à l'Eire, il n'est pas trop chauvin de remarquer une amélioration dans le jeu produit par l'Équipe de France sur les 2 derniers matchs. Beaucoup de dynamisme offensif apporté par le retour en forme de Malouda, un Gignac comme un poisson dans l'eau à la pointe de l'attaque, un Henry qui se mue en passeur décisif... et une défense de plus en plus constante, avec Lloris, Sagna, Gallas, Abidal et Evra, titularisés sur 3 des 4 derniers matchs en Bleus.

De quoi rester relativement serein à quelques heures de la double confrontation Irlandaise ? Pas si sûr.
Car il demeure des questions. Qu'en est-il de l'état d'esprit actuel de Benzema (on se souvient de la polémique sur ses propos récents, où il avait déclaré ne pas avoir eu envie de rentrer sur le terrain lors d'un match de l'Équipe de France, ne pas avoir donné le meilleur de lui-même) ? Quel(s) impact(s) sur l'attaque auront les retours de Gourcuff et Ribéry ? Lloris ou Mandanda, comment réagira l'un des deux gardiens titularisés après les 5 buts encaissés dimanche à Gerland ? Toutes ces composantes tactiques et psychologiques risquent de rentrer en compte dans les données du match.
Et puis attention à l'adversaire proposé aux Bleus ce soir ! Car l'Irlande, si elle n'impressionne pas forcément par son palmarès, reste une adversaire coriace.

L'Irlande de Trapatonni, « à l'italienne » !
Lorsque Giovanni Trapatonni devient le sélectionneur de l'Équipe d'Irlande, en 2008, il y trouve une équipe en pleine crise sportive. Elle n'a plus dépassé le stade du tour préliminaire depuis la Coupe du Monde 2002 en Corée et au Japon, et, bien que réputée redoutable, est quelque peu limitée. Le sélectionneur italien n'a pas hésité à prendre quelques décisions « coup de poing » (telles que l'exclusion du groupe d'Andy Reid, le meneur de jeu irlandais) et a, petit à petit, imposé sa tactique au groupe. Prônant un 4-4-2 solide, l'équipe d'Irlande a retrouvé des vertus défensives, démontrées notamment lors de son parcours de qualification où elle n'a encaissée que 8 buts (soit un de moins que la France, à titre de comparaison). De plus, l'impact physique, l'intensité des duels, la force mentale et le côté « compact » du groupe Irlandais en font une équipe difficile à manœuvrer et très difficile à battre. Elle n'a d'ailleurs pas été battue en qualifications, malgré des adversaires du calibre de l'Italie, par exemple. Mais avec un impact offensif très peu développé, l'Irlande s'apparente aussi comme la reine des matchs nuls. En attaque, seul Robbie Keane est véritablement à surveiller de très près, après avoir inscrit 5 buts dans les éliminatoires. Trapatonni et son groupe comptent aussi sur l'ambiance de Croke Park pour sublimer ses joueurs et intimider les Français. Ce soir, l'enfer Vert va ressembler à toute autre chose que ce que l'on connaît en Ligue 1 avec St Étienne. Une effervescence digne des ambiances écossaises, turques ou grecques. L'Équipe de France espère que, pour la petite formule, il y aura ce soir beaucoup de bruit... pour rien. L'Irlande se veut ambitieuse et sûre de sa force à quelques heures du match aller. Mais elle possède elle aussi des défauts dont devront se servir les Bleus. Une colonne vertébrale vieillissante, composée de Shay Given, John O'Shea, Damian Duff et Robbie Keane, mais pourtant un manque d'expérience flagrant du haut niveau (l'Eire menait 2-1 sur sa pelouse contre l'Italie à la 90', avant de se faire égaliser par Gilardino à 2-2). Selon les spécialistes, l'Équipe d'Irlande montre parfois trop d'enthousiasme et ne sait pas « fermer » le jeu, une fois le score acquis. Une bonne nouvelle pour l'Équipe de France, qui s'est souvent illustrée dans un processus de réaction (une fois menée au score) plutôt que d'action. Historiquement, enfin, les Bleus partiront avec l'avantage psychologique de n'avoir plus perdu face à l'Irlande depuis 1981, et mieux encore, de l'avoir emporté lors de leur dernier passage à Croke Park (1-0), sur un but de Thierry Henry en 2006. A ce moment là, les Bleus s'étaient qualifiés pour le Mondial au dépend des Irlandais, et avaient par la suite atteint la finale de la Coupe du Monde. Combien parieraient maintenant pour que l'Histoire se répète ?

C'est donc une difficile et âpre confrontation qui attend les Français ce soir en Irlande. Tout un peuple va pousser son équipe et chanter ses couleurs, pour que le Vert triomphe sur le Bleu. Attention cependant, car l'une ou l'autre équipe risque de tomber dans le rouge rapidement. Raymond Domenech va jouer une partie de son rôle en Bleus ce soir, mais le sélectionneur, interrogé hier, a préféré éviter toute question relative à son avenir et s'intéresser uniquement à l'avenir de l'Équipe de France. Histoire d'éviter la pression du résultat, histoire aussi de se concentrer au maximum sur cette double confrontation, dont le premier acte se déroule ce soir. Seulement, Raymond Domenech le sait : si la qualification n'est pas au bout mercredi, nul doute que son avenir à la tête des Bleus sera plus que compromis.


Mikhaël Defoly

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