Quel que soit le résultat des élections européennes, il faudra beaucoup de "doigté" et de diplomatie au nouveau pouvoir sorti des urnes ; tout comme, si le traité de Lisbonne est finalement ratifié, au futur représentant unique de l'Union pour la politique extérieure !
Car si l'Europe, dans son ensemble, est en crise et rencontre beaucoup de difficultés à s'organiser en respectant les intérêts souvent contradictoires des 27, c'est surtout sur la politique extérieure et la clarification de ses relations avec ses voisins qu'elle est attendue. Il est commun de rappeler que la principale réussite de l'Union est depuis sa naissance, "la préservation des conflits". Pas de guerres entre les pays membres c'est vrai, mais personne ne pourrait considérer comme une réussite que l'entrée des ex pays de l'Est provoque des conflits armés aux frontières de l'Europe !
Si les dossiers de politique extérieure de l'Europe, du Moyen Orient aux relations avec les Etats Unis sont nombreux et bien souvent tendus, ceux mis en évidence lors du sommet entre l’Union Européenne et la Russie qui vient de se dérouler au mois de mai 2009 à Khabarovsk, dans l’extrême Est de la Russie, sont eux aussi particulièrement "chauds". Ce sommet a en effet mis au cœur des discussions la question de la sécurité énergétique et de la sûreté des approvisionnements européens d'un côté, la place politique et économique de la Russie de l'autre.
"Un niet humiliant pour l’Europe, telles ont été les réponses de Dimitri Medvedev" . D'après Stéphane Davin, qui écrit pour "le journal du développement durable", les observateurs qui s'attendaient à un sommet difficile n'ont pas été déçus ! La rencontre, organisée non loin de la frontière chinoise, "à neuf fuseaux horaires et 6 000 kilomètres de Bruxelles", a semble-t-il tourné au dialogue de sourd.
Tout avait bien commencé quand, "voulant faire preuve de bonne volonté, le président en exercice de l’Union, le Tchèque Vaclav Klaus a déclaré que l’Union européenne considère la Russie comme un partenaire stratégique". Mais la réponse du président russe Dmitri Medvedev ne s'est pas faite attendre, cinglante : "Nous avons des doutes sur les capacités de paiement de l’Ukraine...La Russie ne donnera aucune garantie qu’il n’y aura pas un nouveau conflit, car c'est celui qui paie qui donne des garanties !".
Selon Stéphane Davin, ce n’est pas un hasard si la Russie s’est montrée aussi peu conciliante sur le terrain de l’énergie. "Elle n’a toujours pas digéré l’intervention européenne dans la guerre qui l’a opposée à la Géorgie en août 2008 et l’omniprésence sur la scène internationale du président de l’UE de l’époque, Nicolas Sarkozy. Tout comme elle n’apprécie pas aujourd’hui la volonté de l’Europe d’envoyer des observateurs dans les régions géorgiennes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud que la Russie considère comme des pays indépendants".
Une crise avec l'Ukraine n'est pas à exclure
Une crise avec l'Ukraine n'est pas à exclure
Prévoyant une prochaine crise du gaz avec l’Ukraine (consommatrice de gaz russe et principal pays de transit vers les consommateurs européens), les représentants de l'Union ont donc demandé la mise en place d’un "mécanisme d’alerte précoce", censé prévenir une rupture de l'approvisionnement. Mais là encore, aucun accord n’a été trouvé !
Il faut dire que le 8 mai, juste avant cette conférence, les européens venaient de signer un accord pour faciliter l’importation de gaz en provenance des bords de la Caspienne, en passant par le "Corridor du sud", qui inclue la Turquie et l’Azerbaïdjan. Un accord qui a bien sûr le don d'agacer le pouvoir russe. On a d'ailleurs peine à croire que les services demandés à la Turquie dans ce domaine, négociés entre autres durant la présidence française, ne soient pas assortis de garanties quant à ses demandes d'intégration à l'Union Européenne !
L'autre sujet d'agacement pour les russes est le "partenariat oriental" lancé par l’UE avec six pays de l’Est de l’Europe début mai : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Georgie, Moldavie, Ukraine. Ces pays offrent selon la lettre du Mouvement Européen, "un fort potentiel pour la diversification de l’approvisionnement de l’UE en matière de sources d’énergie" .
"Nous sommes gênés que certains pays tentent d’utiliser cette structure comme un partenariat contre la Russie", a commenté Dimitri Medvedev, décidément peu conciliant.
"La Russie ne participe pas et n’a pas l’intention de participer" à cette Charte a commenté le Président Russe, présenté jusqu'ici comme une "colombe" à côté de son Premier ministre Vladimir Poutine !
Gilles Roman
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