A Lyon, l'expulsion "emblématique" d'un père de famille angolais

Quelle est la situation de M. Guilherme Hauka Azanga? Un réfugié sans papier, père de famille en France et sur qui la police et le Préfet du Rhône s'acharnent depuis de longs mois pour assurer une décision d'expulsion "incompréhensible" ? Ou un citoyen angolais dont l'épouse et les 5 enfants, nés entre 1991 et 2000, sont restés dans son pays, arrivé illégalement sur le sol français et vivant "des seules allocations perçues par son actuelle compagne avec laquelle il n'y a jamais eu de communauté de résidence avant 2009"?

La première version, celle des associations qui soutiennent le cas "emblématique" de ce réfugié arrêté récemment, "juste après avoir déposé ses enfants à l'école", a été fortement relayée par la presse (lire ici l'article de Libération). La seconde est celle des autorités. Le Préfet Jacques Géraut vient de publier le 31 mars 2010 un très long communiqué dans lequel il retrace froidement l'histoire "administrative" de ce cas particulier.

La version des associations
Pour les parents d’élèves, soutenus par le Réseau Education Sans Frontière et mobilisés selon Libération depuis plusieurs semaines en faveur de Guilherme Hauka, la situation est claire : la police a agit avec brutalité pour arracher un homme "à sa compagne et leurs quatre enfants"... L'homme, qui a refusé par deux fois de monter dans l’avion, s’est débattu pour rester avec sa famille. Guilherme Hauka, qui vit depuis huit ans en France, s’est vu refuser la demande d’asile à son arrivée. La Préfecture ne lui a pas a pas non plus accordé de titre de séjour « vie privée et familiale », au motif qu’il avait déjà une famille en Angola. "Mais, d’après RESF, ses enfants sont dispersés et son épouse décédée".

La version du Préfet
Pour le représentant de l'Etat, la situation est beaucoup plus complexe : entré en France en mars 2002 en situation irrégulière, M. Hauka Azanga a déposé, à ce jour, 3 demandes d'asile, qui ont fait l'objet d'un examen attentif et qui ont toutes été rejetées par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et, lorsque ces décisions ont fait l'objet de recours, par la commission de recours des réfugiés, présidée par un magistrat (...) . De même, selon le Préfet Géraut, M. Hauka Azanga "a fait l'objet par 3 fois de décisions de refus de séjour, dont la légalité a été confirmée par le Tribunal administratif" .

Interpellé le 19 janvier 2010, placé en rétention administrative, M. Hauka Azanga a refusé d’embarquer à l’aéroport de Lyon Saint Exupéry et a alors été condamné à 2 mois de prison ferme pour "soustraction à l’exécution d’une mesure de reconduite à la frontière" ... A sa sortie de prison le 18 mars 2010, une nouvelle tentative de reconduite à la frontière a eu lieu. Il a pris l’avion entre Lyon et Francfort mais a refusé d’embarquer à Francfort pour l’Angola. Il a alors été rapatrié en France et placé en rétention.

Libéré puis arrêté de nouveau
Le juge de la liberté et de la rétention a refusé de prolonger sa rétention le samedi 20 mars mais la Cour d'Appel a infirmé cette décision le mardi 23. C'est donc, selon le Préfet "en conséquence" de cette nouvelle décision de la Cour d'Appel que Mr Hauka Azanga a été interpellé à nouveau le 25 mars dernier.

Quant aux parents d'élèves et aux associations de soutien, ils se sont donné rendez-vous samedi après-midi place des Terreaux, pour "clamer leur soutien à Guilherme Hauka Azanka et sa famille".

A lire sur LYonenFrance : "Droit d'asile, au Non de quoi", sur le livre témoignage de Clémence Arnaud, Officier de Protection à l'OFPRA -


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