France 2 diffuse le mercredi 17 mars un programme qui fera date dans l'histoire de la téléréalité et de ses dérives inquiétantes : dans "Le jeu de la mort", l'équipe de Christophe Nick a transposé une "expérience extrême" (voir le livre ici) à l'univers des jeux télévisés : le concurrent, qui pense participer au tournage d'un pilote pour un jeu réalisé en public, est invité à infliger des chocs électriques à un inconnu, pour le "punir" quand il délivre de mauvaises réponses.
Le résultat est affligeant : l'expérience démontre que, soumis à l'autorité d'une simple (et jolie) présentatrice de télévision et à la "récompense" des applaudissements d'un public, 80% des participants sont prêts à infliger des tortures, voire à donner la mort !
Une expérience déjà mise en scène dans des films.
"Mon oncle d'Amérique"
Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix : 1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir, disait le Professeur Henri Laborit. Mais sa théorie, mise en scène dans le film d'Alain Resnais "Mon Oncle d'Amérique", avec Gérard Depardieu, n'avait jusqu'ici été appliquée qu' à des tests de laboratoire.
Dans l'expérience ultime, les auteurs démontrent le pouvoir acquis par la télévision : tout se passe aujourd'hui comme si les participants au jeu perdaient deux des trois possibilités présentées par le Pr Laborit (et testées avec des souris) : aujourd'hui, il n'est plus question ni de combat ni de fuite : alors que le "candidat" se débat, hurle de douleur... et perd connaissance, ils continuent à se soumettre aux injonctions du public.
Plus de 80 % des joueurs sont allés jusqu'à pousser la manette des 460 volts.
"L'expérience de "La Zone Xtrême" montre que nous sommes bien plus soumis qu'il y a cinquante ans. Nous nous imaginons autonomes, libérés, voire rebelles. Nous sommes en réalité de plus en plus obéissants, et de plus en plus seuls, face à de nouveaux pouvoirs" écrit Christophe Nick.
Selon Laborit, la conduite est réglée par quatre éléments: la consommation (boire, manger et copuler), la récompense, la punition (avec pour issues la lutte ou la fuite) et enfin l'inhibition de l'action. Il reprend la théorie de Paul D. MacLean des trois niveaux cérébraux : un cerveau reptilien, commun à tout le règne animal, qui assure nos réflexes de survie et qui dirige notre comportement de consommation, un deuxième "cerveau", commun à tous les mammifères, celui de la mémoire, qui guide notre comportement de récompense : il nous fait fuir les expériences que l'on a connues douloureuses (Chat échaudé craint l'eau froide) et agir pour rechercher le plaisir. Si toutes les issues sont bouchées, l'inhibition de l'action provoque le stress et déclenche des maladies.
Notre troisième "cerveau", le néocortex, plus développé chez l'espèce humaine, permet d'associer des idées provenant d'expériences différentes plus abstraites. Il ne nous sert hélas bien souvent qu'à tenir un discours qui permet de justifier nos deux premiers comportements. Le néocortex devrait nous permettre de comprendre que ces deux premiers cerveaux n'instaurent que des comportements de domination entre les hommes. Or l'homme n'est fait que de son contact avec les autres hommes. Ne pas être conscient qu'il faut au moins canaliser les instincts de domination (puisque nous ne pouvons les éliminer), ne peut conduire qu'au malheur individuel et collectif.
Connaître ces mécanismes ne permettrait certes pas de les éliminer, mais au moins de les utiliser pour faire autre chose, de même que l'étude patiente des lois du mouvement n'a nullement supprimé la gravité, mais nous a permis néanmoins d'aller nous promener sur la Lune ! (extrait de l'encyclopédie Wikipedia).
A voir aussi : cette expérience est présentée dans une fiction dans le film I comme Icare, avec Yves Montand.
1 comments :
Un très bon article sur cette expérience:
http://lesintrusdelinfini.blogspot.com/2010/03/lexperience-interdite-de-france-2.html
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