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L'Université Lumière Lyon 2 prépare le tournage d'un "lipdub"

Une quinzaine d'étudiants s'active depuis début 2010 dans les locaux de l'Université Lumière Lyon 2, autour d'un projet aussi novateur qu'ambitieux : la réalisation d'un lipdub.

Cet évènement, de plus en plus populaire en France, se caractérise par la difficulté de son organisation. Bien que porteur d'une idée simple mais efficace (s'amuser tout en faisant la promotion de l'Université), le lipdub du Campus de Bron se heurte bien souvent à un déficit d'information. Qu'est-ce qu'un lipdub ? Comment l'organiser ? Et surtout est-ce que ça marche ? Réponses.

Tout a commencé en 2006, par une inspiration aussi soudaine que géniale : Jakob Lodwick, qui marchait dans la rue, s'est filmé avec son portable en train de chanter sur une musique MP3. Rentré chez lui, avec un logiciel de montage, il coordonnait le son de la vraie musique avec l'image filmée précédemment : le concept était né. Un lipdub, c'est aussi simple que ça : un vidéo-clip musical, montrant des figurants chantant en play-back. Rien de bien exceptionnel, à première vue. Mais si le concept est de plus en plus populaire, sa réalisation, elle, n'en demeure pas moins difficile, en particulier parce qu'elle obéit à des règles strictes.

Une prise unique, sans filet.
La caractéristique principale du lipdub est la notion de plan-séquence : tout est tourné d'un coup, sans montage et sans arrêt de la caméra. La réalisation est alors particulièrement compliquée, car vous l'aurez compris, la première prise est aussi la dernière. Tout doit donc être organisé, prévu, géré par avance. C'est un numéro sans filet, comme le confirme Kor Wentemn, réalisateur d'un lipdub au CPE de Lyon : "Cela nécessite beaucoup de répétition, et lors du tournage, il n’y a que très peu d’essais, donc peu de place pour l’erreur. C’est une performance technique". Les autres caractéristiques du lipdub sont d'ordre artistique : le lipdub doit obligatoirement être composé d'une (ou de plusieurs) musiques, et de figurants qui chantent en play-back. Enfin, une fois mis en boite, il doit être facilement accessible (via les sites de partage vidéo tels que YouTube, Dailymotion, mais aussi les réseaux communautaires comme Facebook ou Twitter, par exemple...). Bref, s'adapter aux nouvelles méthodes de communication véhiculées par le net.

Quand à savoir quelles sont les difficultés d'un tel tournage, Kor Wentemn nous répond sans détour : "On a eu assez peu de difficultés. Lors du premier essai, on pense que tout va rater, mais dès qu’il est fait, on sait que tout va bien se passer, surtout si l'on a tout bien préparé, car tout le monde est dans le bain". La préparation et l'organisation sont donc primordiales dans un tel projet.

Qui a popularisé le concept ?
Au départ uniquement pour la communication en entreprise, le concept s'est aujourd'hui élargi à d'autres organismes, tels que les Universités ou les grands magasins. Rendu populaire en 2007 par Connected Ventures (une agence de média américaine), la France découvre le lipdub à l'automne de cette même année, par l'intermédiaire d'entreprises de communication. Un "Festival du Lipdub d'Entreprise" a même été créé, et se tient tous les ans à Nice (cette année, ce sont les bretons du groupe "Beaumanoir" qui ont remporté la compétition). Le concept lipdub, étendu à toute l'Europe, prend un nouvel élan en mars 2008, lorsque des étudiants allemands lancent le projet "University LipDub Community", qui regroupe aujourd'hui plus d'une vingtaine d'universités dans le Monde. En France, la politique s'est empressée de suivre le mouvement, avec le (fameux) "Changeons le Monde" des Jeunes de l'UMP. Europe Ecologie s'est aussi mis au lipdub, mais le sien a fait moins de bruit.

Quel est le but d'un lipdub ?
"Le but, nous explique Kor Wentemn, c'est de promouvoir une école ou une entreprise quelconque, en montrant par une performance technique tous les points forts et positifs du lieu dans lequel le lipdub est tourné, mais aussi l’engagement des gens qui y participent". C'est en effet un aspect très important : la promotion. Ce projet est un véritable espace publicitaire, qui sort de l'ordinaire, mais les codes restent les mêmes : travail permanent sur l'image véhiculée, bonne ambiance entre figurants, bonne humeur, costumes, chorégraphies, couleurs, décors, accessoires, tout est calculé pour donner la meilleure image possible de l'établissement mis en avant. Autre aspect qui explique la réussite du projet : "pour les figurants, c’est l’expérience de participer à un projet qui reste fort et insolite". En effet, outre le play-back, les figurants ont surtout la possibilité de "devenir une star", le court temps du passage de la caméra. Une perspective amusante et inédite qui en attire plus d'un".

Quelles sont les retombées ?
Tout dépend du succès qu'obtient la vidéo, une fois diffusée. Pour certains, comme l'UQAM de Montreal (visionné près de 5 millions de fois sur YouTube), le lipdub a créé un buzz autour de cette Université ; les réalisateurs ont même été conviés à plusieurs émissions de télévision au Canada et aux Etats-Unis. De nombreux autres lipdub restent plus modestes, mais permettent en tout cas de créer des liens entre les figurants. Outre les retombées publicitaires, Kor Wentemn affirme avoir bénéficié de retombées professionnelles : "Les premières retombées immédiates ont été la promotion des autres vidéos et films que j’avais fait précédemment, et des projets que j’avais après, ainsi que la promotion de mon collectif audiovisuel « Les FasCinés ». Les retombées à long terme ont été les nouveaux et nombreux contacts que j’ai eu, ainsi que quelques propositions professionnelles, comme des clips ou des films d’entreprises". Les étudiants du Campus de Bron n'ont eux pas d'objectif chiffré, mais espèrent bien sûr que leur lipdub rencontre un certain succès.

Mikhaël DEFOLY.


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