Nous proposons ici de larges extraits de la dernière note du conseil scientifique, actualisée au 28 octobre 2020 : On observe depuis une dizaine de jours une accélération importante du nombre de nouveaux cas journaliers, de type quasi exponentielle (autour de 50 000 cas diagnostiqués, correspondant probablement à 80 000 - 100 000 infections réelles par jour, compte tenu d’une proportion importante de cas non diagnostiqués).
Cette
circulation massive du virus est observée sur l’ensemble du territoire, et sur l’ensemble
de la population – et pas seulement chez les jeunes. Cette accélération brutale,
pourrait être expliquée par le refroidissement climatique observé fin septembre, qui
favoriserait la persistance du virus et le retour des personnes en milieu intérieur. Cette
circulation virale massive va entraîner un retentissement majeur pour le système de
soins.
Le Conseil scientifique avait prévu une 2ème vague, dès le 27 juillet 2020 dans son Avis
no. 8, et avait proposé, un plan de lutte contre la pandémie (« Se préparer dès
maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne »).
Il préconisait alors que « la réponse à cette probable deuxième vague devra être
différente de la réponse à la première vague, car nous disposons d’outils pour y
répondre. Elle devra s’appuyer sur un choix politique et sociétal et pas seulement
sanitaire ».
A cette fin, le conseil scientifique proposait un « Plan de prévention et de
protection renforcé » (P2R) à mettre en œuvre durant l’accalmie de l’entre deux
vagues articulé autour de 7 protocoles. La mise en œuvre de ces différents protocoles
P2R a été faite durant l’été avec des avancées plus ou moins importantes selon les
sujets.
Statistiques #Covid_19 :
La très forte accélération récente conduit à une circulation virale qui va
être difficile à contrôler, malgré les mesures de restriction prises depuis fin septembre,
et en l’absence d’interventions plus strictes.
La situation est actuellement hors de contrôle.
Suite à l’augmentation du nombre de cas, on observe maintenant une croissance importante
des hospitalisations dans la majorité des régions de France métropolitaine. Par exemple,
l’analyse des 14 derniers jours de données d’hospitalisation SI-VIC (datées du 25 octobre en
enlevant les deux derniers jours non consolidés) révèle que dans 10 régions sur 13, le nombre
d’hospitalisations double en moins de 14 jours.
Si cette croissance devait se poursuivre au
même rythme, on pourrait s’attendre à ce qu’au niveau national, le 6 novembre, 5200-6190
lits soient occupés par des patients COVID-19 dans les services de réanimation, soins intensifs
et surveillance continue.
Cela pourrait se traduire au niveau régional par 1020-1500 lits en
Auvergne-Rhône-Alpes, 450-780 lits dans les Hauts-de-France, 1110-1530 lits en Ile-deFrance, 320-610 en Occitanie et 540-850 lits en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les projections ci-dessus correspondent à un scénario où le taux de transmission reste
inchangé malgré les mesures de contrôle récemment mises en place.
Dans un scénario où les
nombres de reproduction de base dans les régions diminuent de 0.4 à compter du 17 octobre
(date de démarrage du couvre-feu), le nombre de lits occupés par des patients COVID-19 dans
les services de réanimation, soins intensifs et surveillance continue le 6 novembre serait de
3840-4480 au niveau national, 780-1100 en Auvergne-Rhône-Alpes, 330-540 dans les Hautsde-France, 850-1180 en Ile-de-France, 220-400 en Occitanie, 490-600 en Provence-Alpes-Côte
d’Azur.
Dans le cas d’une réduction des nombres de reproduction de base régionaux de 0.2, il
faudrait compter le 6 novembre 4450-5230 lits au niveau national, 900-1260 lits en AuvergneRhône-Alpes, 400-640 lits dans les Hauts-de-France, 1000-1340 lits en Ile-de-France, 270-480
lits en Occitanie, 460-720 lits en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Version actualisée le mercredi 28 octobre 2020 à 11h00 avec bibliographie
7
Les projections s’appuyant sur la dynamique de croissance des 7 derniers jours offrent des
résultats similaires à ceux obtenus en s’appuyant sur les 14 derniers jours de données.
- Compte tenu de la diversité des mesures prises et du court délai depuis la mise en
œuvre des couvre-feux, l’analyse des indicateurs d’impact parait peu informative au
26 octobre 2020. Dans le même temps, on constate une accélération massive de la
circulation virale. En revanche, il sera essentiel en cas de mise en place de mesures nouvelles plus
strictes de mettre en place une évaluation de l’évolution des indicateurs dès J 10-J
12 jours.
(...)
La pandémie Covid 19 va durer dans le temps.
Il est très difficile de prévoir combien de temps va durer la 2ème vague, car cela dépend
du virus lui-même, de son environnement climatique, des mesures qui vont être prises
pour limiter la circulation du virus, de leur acceptation et donc de leur impact.
On peut faire une hypothèse d’une sortie de 2ème vague en fin d’année ou début
d’année 2021. Cette sortie devrait s’accompagner d’un retour de la circulation du virus
à un niveau très contrôlé (5 000 à 8000 nouvelles contaminations par jour maximum).
Ce contrôle permettrait de mettre en œuvre une stratégie offensive de « TesterTracer-Isoler » avec une plus grande chance de succès.
Il faut en effet commencer à tirer des leçons du relatif échec de la stratégie « TesterTracer-Isoler » durant la période de mai à septembre 2020. C’est la seule stratégie,
couplée aux mesures de distanciations physiques, qui permet un contrôle possible de
la circulation virale comme cela a été montré dans un petit nombre de pays d’Asie du
Sud Est.
Il est donc essentiel de profiter de la période de « contrôle dur » de l’épidémie qui
pourrait s’installer pour optimiser cette stratégie en particulier la partie « TracerIsoler » dont les moyens doivent être largement augmentés, en particuliers en effectifs
humains avec les équipes mobiles « brigades », et sur la mise en place de l’application
« Tous Anticovid » sur une large fraction de la population, ainsi que sur l’application
d’un isolement de 7 jours accompagné d’ « incentives » (voir Avis du Conseil
scientifique sur l’isolement, septembre 2020).
La place des médecins généralistes et d’une façon générale des professionnels de
santé (pharmaciens, professions médico-sociales…) doit être beaucoup plus
importante durant cette 2ème vague, mais également à son décours, qu’elle n’a été
durant la première partie de la crise : dans la prise en charge des patients en amont
des hôpitaux mais aussi dans le dépistage. L’utilisation des tests de diagnostics
antigéniques doit pouvoir être réalisée de façon large en dehors des laboratoires de
biologie.
Des vagues successives ?
Néanmoins, il est probable que ces mesures même optimisées ne suffiront pas pour éviter
d’autres vagues, après la deuxième. On peut ainsi avoir plusieurs vagues successives durant la
fin de l’hiver/printemps 2021, en fonction de différents éléments : état climatique, niveau et
efficacité opérationnelle de la stratégie Tester, Tracer, Isoler.
(...)
Il est essentiel que l’on commence à penser à d’autres modalités de vivre avec le COVID sur le
long terme et que les choix puissent s’appuyer sur une vision issue de la société civile et non
pas seulement sur les orientations données par les experts pour éclairer les décisions des autorités.
Il faut rappeler qu’a été demandé à plusieurs reprises par le Conseil scientifique la
création d’un « Comité de liaison citoyen » dans des modalités à définir. Il n’est pas trop tard
pour le mettre en place.
Les conséquences économiques vont, dans la durée, entrainer des situations dramatiques au
plan social touchant différentes catégories de la population, et en particulier les populations
les plus défavorisées, et ce malgré des aides importantes.
Ces conséquences économiques
auront-elles-mêmes des conséquences sanitaires indirectes, sur des pathologies non liées au
Covid.
Le Conseil scientifique est également sensible aux difficultés d’adhésion aux mesures
de restriction par une partie de nos concitoyens, notamment lorsqu’ils en subissent
directement les effets ou qu’ils en mettent en doute la logique, la cohérence, ou la portée.
La société française est-elle prête à consacrer une partie importante des moyens de santé au
COVID-19, éventuellement au détriment de la prise en charge d’autres pathologies, avec
comme conséquences des pertes de chance pour des pathologies COVID ? A l’inverse, la
société française est-elle, prête à affronter un nombre de décès très élevé dans sa population
la plus fragile et la plus âgée ?
L’approche associant des mesures collectives à un principe de responsabilité individuelle est
largement mise en avant, Sera-t-elle possible dans la durée et en cas de plusieurs successions
de vagues ?
Les enjeux sociétaux et éthiques, ayant de fortes implications pour différentes catégories de
la population, doivent faire l’objet de réflexions et de discussions, même si elles peuvent être
difficiles et sources de tensions, afin de tenter d’avoir une meilleure vision collective de nos
objectifs à la sortie de la 2ème vague.
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