La révolution de jasmin a débuté au début du mois de décembre dernier, c'est-à-dire il y a quelques mois seulement, mais elle appartient déjà à l'Histoire ! En quelques mois, elle a bouleversé la géopolitique du Maghreb, changeant complétement la donne.
Dans le brouillard, les chefs d'entreprises qui réalisent du business en Algérie, en Tunisie et au Maroc, avaient besoin de retrouver une boussole et de savoir où vont ces trois pays, sur les plans politique et économique.
Rien de mieux pour comprendre que d'entendre les consuls de ces trois pays basés à Lyon et à la source de l'information. D'autant qu'il apparut assez rapidement qu'ils avaient oublié en présence de chefs d'entreprises, de pratiquer trop ouvertement la langue de bois.
Que retirer de cette rencontre ? Pour l'animateur des débats, Marc Hoffmeister qui en tant que responsable de la société lyonnaise Classe Export connaît son Maghreb sur le bout des doigts, «il faut bien comprendre que la situation dans ces trois pays n'est pas homogène et qu'il faut prendre en compte les différences très importantes entre eux. »
La Tunisie d'abord.
Ce pays a donné le « la » de la Révolution de jasmin qui a embrasé le monde arabe. Il est aussi celui qui est sorti le plus tôt des turbulences. Les grèves importantes que le mouvement a suscité sont pratiquement partout terminées, sauf dans les entreprises qui étaient aux mains du clan Ben Ali. Le tourisme est lui-même reparti et l'on peut à nouveau circuler dans tout le pays.
On le sait, les PME tunisiennes avaient tendance à faire profil bas et à éviter de se faire remarquer par la famille au pouvoir pour ne pas se faire « racketter ». « C'est fini, explique Sabri Bachdobji, la liberté donne des ailes à nos PME qui ne sont plus bridées. »
Conséquence : ces PME ont besoin de partenaires. Il existe une grande demande de partenariats avec des PME technologiques. Or, on en trouve beaucoup en Rhône-Alpes. Et Marc Hoffmeister de remarquer : « Il y a là une place à prendre et vite ! » Autre avantage : la Tunisie est certes un marché, certes plutôt restreint, mais c'est surtout une zone de réexportation sur l'ensemble du monde arabe. C'est donc un bon mode d'entrée pour tout nouvel arrivant.
Au Maroc, la situation est différente : engagées bien avant la révolution de jasmin, les réformes qui étaient encalminées, sont reparties à cette occasion de plus belle. Le pays est ainsi engagé dans une régionalisation et le développement des régions intérieures. L'occasion d'engager de gros investissements dans les infrastructures : zones portuaires, autoroutes, zones touristiques. Les secteurs en développement : la sous-traitance automobile, l'industrie électronique et électrique.
Reste l'Algérie. Kacimi El Hassani, le consul d'Algérie à Lyon tint un langage très différent, apte à refroidir l'auditoire : « Ne venez pas vendre en Algérie, nous savons où acheter, mais venez produire chez nous ! » Or, l'on sait que les entrepreneurs étrangers qui investissent en Algérie n'ont pas le droit de détenir plus de 49 % d'une société. Le consul d'Algérie assura que cette loi va connaître des assouplissements. Elle est en effet décriée au sein même des entreprises algériennes car elle prive le pays d'investissements stratégiques importants. Résultat : le pays n'a que 430 000 entreprises, soit moins que la Tunisie, pourtant plus petite en taille et en population et bien moins qu'au Maroc qui affiche 1,2 million d'entreprises.
Lire la suite de l'article de Dominique Largeron sur LYon-Entreprises : Révolution de jasmin : les entreprises peuvent retourner dès maintenant au Maghreb, mais...
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