Budget 2009 du Grand Lyon : le discours de Gérard Collomb

Document : Le Grand Lyon a voté le 12 janvier son budget primitif pour l'année 2009. Elaboré dans le contexte de la crise économique, ce premier budget va marquer la mandature. Nous vous proposons ici l'intégralité du discours du président du Grand Lyon, Gérard Collomb, en ouverture de la discussion sur ce budget.




"1- Contexte d’élaboration du BP 2009 : affronter la crise
L’année 2009 sera évidemment marquée par la crise, caractérisée par l’incertitude et la crainte.
Un certain nombre de nos entreprises connaissent déjà ou vont connaître dans les prochains mois de grandes difficultés. Ce qui va inéluctablement avoir des conséquences sur la vie de beaucoup de nos concitoyens : perte de pouvoir d’achat ou plus grave, perte de leur emploi.

Mais au-delà des conséquences immédiates que cette crise aura dans nos territoires, nous sentons bien qu’elle doit nous interroger en profondeur et à long terme sur la nature même de notre société et sur ses aspirations.
Avec le recul, nous comprenons avec gravité que nos économies modernes perdaient peu à peu tout contact avec la base productive réelle, parallèlement à la sophistication croissante des produits financiers inventés. Tout ceci sans contrôle réel, sans vision globale du système qui se mettait en place.
Sur le plan purement économique, une nouvelle ère devrait immanquablement s’ouvrir, avec des normes plus exigeantes, avec une coopération améliorée des pouvoirs locaux, avec la mise en place de véritables outils de régulation de l’économie mondiale.
C’est à la lumière de ce que le grand économiste Karl Polanyi aurait pu qualifier de "nouvelle grande transformation" qu’il va nous falloir, dans les années qui viennent, penser le futur de notre agglomération.

Et dans cette période, nous n’avons pas le droit de penser médiocre, d’être guidés par des calculs dérisoires ou par la défense de particularismes. A ce titre, la coopération intercommunale, que nous pratiquons depuis 40 ans, est un formidable atout pour faire face collectivement aux enjeux de demain, nous permettant de mutualiser les difficultés et de répartir les progrès.
2- contexte d’élaboration du BP 2009 : identifier les enjeux et les domaines d’avenir

Les grands enjeux auxquels nous allons être confrontés, nous les connaissons bien.
Il s’agira tout d’abord, dans le contexte difficile d’aujourd’hui, de préserver au maximum notre tissu économique, des plus petites entreprises uninominales aux grands groupes industriels, en passant par toutes nos PME-PMI. Dans cet objectif, la commande publique représente un enjeu fondamental, j’y reviendrai ultérieurement.

Il s’agira surtout, dans cette période, de savoir préparer l’avenir, à travers de grands objectifs :
- faire émerger une grande Université de niveau européen,
- développer nos filières d’excellence, notamment autour des pôles de compétitivité, pour demeurer à la pointe de l’innovation qui garantira nos emplois de demain,
- conforter l’agglomération lyonnaise comme une grande place tertiaire de niveau européen, en développant les grands projets que nous avons initié : Part-Dieu, Confluence, Carré de Soie,
- dépasser les limites de notre agglomération et savoir construire une grande métropole capable de rayonner en Europe, avec la ville voisine de Saint-Etienne ou avec la communauté d’agglomération des pays isérois.
Ces grands objectifs sont essentiels et doivent nous guider quotidiennement pour que cette période de crise, si elle suscite le doute, puisse également susciter des raisons d’espérer. C’est dans ce sens que nous avons conduit, avec Jacky Darne, le processus d’élaboration de ce budget 2009.

3- traduction dans le BP 2009
Ainsi, deux priorités absolues nous ont servi de cap :
• une section de fonctionnement rigoureuse et équilibrée
• un niveau d’investissement ambitieux et sans discontinuité par rapport au précédent mandat

3-1- traduction dans le BP 2009 : fonctionnement
La période de crise que j’évoquais précédemment impose, dans le domaine du fonctionnement, une prévision budgétaire parfaitement rigoureuse et exemplaire, tout en assurant à nos concitoyens des services de proximité demeurant efficaces et adaptés.
Comme nous l’évoquions au cours du DOB :
- les dépenses de personnel se limitent à + 2,5%
- la hausse du volume de subvention est contrainte à + 2,76%, principalement due aux engagements conventionnels avec nos plus grands partenaires
- l’endettement reste mesuré, au niveau d’un peu plus de 50% des ratios prudentiels
- les budgets respectifs de l’entretien de voirie, de l’eau et de l’assainissement, du nettoiement et de la collecte demeurent à périmètre constant, et même en légère baisse si la passation de marchés ou si l’optimisation des moyens ont permis de faire autant avec moins de moyens.
Le budget de fonctionnement a donc été construit dans une optique raisonnable. Néanmoins, il faut constater que de grands postes peuvent être mis en avant dans des domaines qui contribuent à entretenir l’activité économique de notre agglomération.

Ainsi :
- les subventions à l’Office du Tourisme et à l’Aderly ont été maintenues respectivement à hauteur de 1,25 M€ et 2,5M€, en vue d’apporter encore à notre territoire des sources de richesse
- les participations aux ZAC sont fixées pour 2009 à 38,3 M€, contribuant ainsi à un effet de levier substantiel pour l’activité privée dans le domaine de l’aménagement
- dans le domaine du développement urbain, 12 M€ seront consacrées aux prestations d’ingénierie, commandées à des cabinets et bureaux d’études privés
- enfin, 15,7 M€ seront consacrés à l’action foncière, positionnant le Grand Lyon comme un acteur essentiel d’un domaine qui risque de souffrir particulièrement l’année prochaine.

3-2- traduction dans le BP 2009 : investissement
On le voit, le budget de fonctionnement nous permet, tout en demeurant rigoureux, de dégager quelques pistes de soutien à l’activité de notre agglomération. Mais c’est surtout dans le domaine de l’investissement que le Grand Lyon apparaît comme un rouage crucial de notre économie locale.
En effet, le danger n°1 aurait été, après la période électorale de 2008, de tout vouloir remettre à plat et de ré-inventer un programme d’actions en repartant de zéro.
Au contraire, poursuivant notre démarche d’investissement très élevé de la fin du précédent mandat, nous pouvons dans ce budget primitif prétendre à un niveau d’investissement toujours aussi ambitieux, permettant à la fois de doter notre agglomération d’équipements importants et d’assurer, via la commande publique, un volume d’activité particulièrement vital pour les entreprises de notre territoire.
Ainsi, en 2009, nous assurerons le paiement de près de 395 M€ d’opérations réalisées, parmi lesquelles :
- des grands ouvrages (tunnels, échangeur du Tronchon, maitrise d’œuvre du pont Schuman ou de la passerelle de Caluire)
- des opérations d’aménagement (ZAC de Tassin, ZAC du Triangle à St Priest, Carré de Soie)
- des investissements économiques, comme l’aménagement de ZI (Meyzieu par exemple) ou le soutien aux pôles de compétitivité
- des travaux connexes aux lignes fortes de transports en commun (Léa et T4)
- des réhabilitations ou créations de stations d’épuration (Saint Fons, Feyssine)
Mais il ne s’agit pas de s’arrêter aux paiements assurés en 2009, il faut que l’activité soit maintenue, ceci en programmant en 2009 un volume encore inégalé d’Autorisations de Programme. En effet, nous prévoyons d’individualiser pour 450 M€ d’opérations l’année prochaine, permettant ainsi un niveau de commande très important et l’assurance de paiements dans les années suivantes.

Quelques exemples par domaines :
- développement économique, soutien aux PME-PMI, politique des filières : 45 M€
- grands projets structurants : 60 M€
- rayonnement international : 10 M€
- mobilité urbaine et infrastructures de transport : 184 M€
- réseaux d’eau et d’assainissement : 47 M€
- politique de la ville : 25 M€
- logement : 35 M€


Chacun peut le constater, le Grand Lyon fait face à ses responsabilités en tant que « machine à investir », en soutenant ainsi l’activité et donc l’emploi dans les domaines du BTP, de la construction, de l’immobilier, des services, du commerce et de l’industrie.
J’ai reçu depuis quelques semaines de nombreuses sollicitations de la part des organismes professionnels pour que le Grand Lyon continue à soutenir leurs activités. Je pense que le détail de ce budget primitif représente la réponse la plus éclatante à cette demande légitime de soutien.

4- Conclusion
Les périodes de crises telles que nous en sommes en train de la vivre voient généralement s’opposer diverses doctrines économiques sur la manière d’en sortir. En revanche, il y a une quasi-unanimité sur le fait que la puissance publique doit soutenir l’activité et, le cas échéant, prendre le relais de la commande privée. C’est la raison pour laquelle l’État, mais aussi les collectivités locales comme la Région Rhône-Alpes ou encore le Conseil général du Rhône ont émis des plans de relance, dotés d’investissements dédiés.

Détail des plans adoptés :
• État : plan de relance estimé à 26 milliards d’euros, soit 1,3% du PIB :
- 10,5 milliards d’investissements directs
- 11,6 milliards pour le soutien aux entreprises
- 2 milliards d’aides sectorielles (logement et automobiles)
- 2 milliards pour le soutien à l’emploi et aux revenus des ménages les plus modestes
• Région Rhône Alpes : identification dans le budget d’investissement d’un plan de soutien à l’économie évalué à 57 M€, sur un budget d’investissement annuel d’environ 700 M€ (dans un budget total de 2,4 milliards d’euros)
• Conseil général du Rhône : 56 M€ approuvés en plus du budget d’investissement, initialement fixé à 296 M€ (sur un budget total de 2,037 milliards d’euros) :
- 20 M€ pour les collèges,
- 9M€ sur d’autres bâtiments départementaux,
- 6,5 M€ attribués à l’OPAC du Rhône
- Reste : infrastructures haut débit et travaux communaux
Il ne nous est pas apparu nécessaire, au Grand Lyon, d’entrer dans ce type de démarche. Car «l’objet social» de la Communauté Urbaine étant par nature l’investissement massif, l’élaboration d’un plan ad hoc qui se bornerait à « repeindre » nos compétences propres aux couleurs de la crise économique aurait été forcément incongru, pour ne pas dire démagogique.
Nous avons préféré tout mettre en œuvre pour que la première année du mandat ne subisse pas les effets habituellement constatés à la même période, c’est à dire un trou d’air qui aurait été particulièrement malvenu en cette période difficile.
Bien au contraire, grâce à un budget de fonctionnement maitrisé, nous conservons un autofinancement en hausse, qui nous permet d’injecter dans l’économie un niveau d’investissements jamais atteint.
Ce niveau d’investissement, c’est notre devoir de l’inscrire dans notre budget, ce sera également notre responsabilité de veiller à sa mise en œuvre rapide et efficace.
Ce sera l’objet des AP de l’année à venir, pour lesquelles, face aux enjeux immenses qui nous attendent, j’espère que nous saurons collectivement apporter à nos entreprises et à nos habitants les réponses qu’ils attendent".
Gérard Collomb,
Sénateur-Maire de Lyon,
Président du Grand Lyon


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