Si la journée de mobilisation intersyndicale du 29 janvier est bien une réussite, les représentants des salariés n'en sont pas moins inquiets des suites qui seront données au niveau politique.
Pour la secrétaire régionale de l'Union interprofessionnelle CFDT Rhône-Alpes Elisabeth Le Gac, le constat de la situation est particulièrement noir. Les dernières données de l'Insee sont sans ambiguité : en 2008, le pouvoir d'achat global des français recule. La revalorisation des prestations sociales et le ralentissement de l'inflation ne compensent pas ce phénomène. Le gouvernement dit qu'on est tous dans le même bateau, "mais il y a ceux qui sont en classe croisière et la majorité se retrouve au fond des cales".
Les salariés ne sont pas responsables de la crise
Les syndicats unis (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA) pour la première fois depuis bien longtemps, se sont entendus sur une banderole et une déclaration commune. Pour eux, "surmonter la crise implique des mesures urgentes", non seulement économiques mais aussi sociales. "Les salariés se sont considérablement appauvris, cette journée de grève leur coûte cher et il faut vraiment qu'ils soient entendus", insiste Elisabeth Le Gac, qui craint que si des réponses ne sont pas apportées après une mobilisation de cette ampleur ou si le gouvernement fait la sourde oreille, les syndicats soient placés dans l'impossibilité de "canaliser" le mouvement. On pourrait alors assister à la récupération politique du mouvement, juste au moment des élections européennes, ou à la création de "coordinations" qui contestent la représentativité des syndicats.
La secrétaire départementale de la CFDT Anne Marie Colangeli, indique elle que l'on n'est pas encore entré dans l'oeil du cyclone ! La crise a d'abord marqué les interimaires puis les contractuels qui ne sont pas renouvellés. Elle a ensuite touché les salariés en CDI, avec des mesures de chômage partiel dans l'industrie. "Ceux-ci ont épuisé leurs journées de RTT et maintenant on aborde les plans de licenciement". Selon elle, tous les secteurs sont touchés : l'automobile, le BTP, mais aussi par contrecoup les services d'aides aux entreprises et bientôt le commerce ! Et il ne faut pas oublier que la plus grande partie des victimes de cette crise se trouvent dans des Très petites entreprises, souvent sous traitantes, dans lesquelles le personnel n'est pas syndiqué. L'indicateur le plus attendu et qui marquera vraiment l'ampleur de la situation, "on le trouvera à la fin du premier trimestre quand les entreprises devront payer leurs charges sociales".
La grève, et après ?
La grève, et après ?
Pour la CFDT, trois niveaux d'intervention sont attendus en réponse à cette mobilisation sans précédent : "au niveau de la Région, nous sommes entendus et le plan d'action mis en place par le Conseil Régional répond à un certain nombre de nos préoccupations", indique Elisabeth Le Gac qui appuie la définition de bassins d'emplois, le travail autour des pôles de compétitivité, les actions de formation proposées par le Conseil Régional.
Refaire un Grenelle Social
Reste le niveau national et européen : face à la crise, le gouvernement propose des solutions économiques mais rien sur le plan social. Pourtant tout reste à faire : "si on étudie les résultats des pays européens, la France qui se dit leader est en queue de peloton dans tous les domaines, sur l'emploi des "seniors", sur l'emploi des jeunes et sur le retour à l'emploi des chômeurs de longue durée !". Il faut vraiment utiliser la période de négociation branche par branche qui commence avec le patronat mais aussi mettre l'ensemble de la politique sociale sur la table pour prendre en compte les changements induits par les nouvelles formes de travail. "Il ne sert à rien de continuer à former des caissières si on sait que le métier va disparaître", "C'est toute une démarche d'organisation des territoires qu'il faut prendre en compte : on ne peut plus raisonner à partir de formations qualifiantes pour un métier particulier, il faut maintenant voir comment des passerelles peuvent s'établir pour qu'une personne puisse occuper des métiers différents tout au long de sa vie".
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