Le conseil scientifique a élaboré quatre scénarios pou la période post- confinement (à partir du mois de juin 2020).
Membres du Conseil scientifique associés à cet avis* :
Jean-François Delfraissy, Président
Laetitia Atlani Duault, Anthropologue
Daniel Benamouzig, Sociologue
Lila Bouadma, Réanimatrice
Simon Cauchemez, Modélisateur
Franck Chauvin, Médecin de santé publique
Pierre Louis Druais, Médecine de Ville
Arnaud Fontanet, Epidémiologiste
Marie-Aleth Grard, Milieu associatif
Aymeril Hoang, Spécialiste des nouvelles technologies
Bruno Lina, Virologue
Denis Malvy, Infectiologue
Yazdan Yazdanpanah, Infectiologue
Cet avis a été transmis aux autorités nationales le 2 juin 2020 à 20H.
Comme les autres avis du Conseil scientifique, il a vocation à être rendu public.
Cet avis a pour objectif d’identifier les différents scénarios probables dans la période de
post-confinement et de préparer et d’anticiper les mesures à mettre en place selon les
différents scénarios.
*Jean-Laurent Casanova n’a pas participé aux discussions de cet avis. Il a souhaité émettre des opinions
divergentes sur la base de la version finale du document.
La période du confinement a permis de ralentir la dynamique de l’épidémie de façon marquée.
Le niveau faible de circulation du virus doit être mis à profit pour préparer les différentes
structures de l’État à affronter une éventuelle reprise de l’épidémie quelle qu’en soit la forme.
L’anticipation est en effet un atout majeur permettant d’éviter l’apparition d’une « deuxième
vague » aussi massive que celle subie début 2020. Pour préparer la France à la suite de l’épidémie et en diminuer les conséquences, le Conseil
scientifique a établi 4 scénarios probables prenant en compte la situation actuelle et les
connaissances acquises depuis le début de l’épidémie. Ces scénarios permettent d’établir et
de proposer des mesures à prendre dans chacune de ces situations. Les mesures doivent
être élaborées dès maintenant pour être opérationnelles lorsque cela sera nécessaire.
Les connaissances concernant cette épidémie ont progressé en France comme à l’étranger. Les populations à risques de formes graves ou de décès sont mieux connues :
L’âge et
certaines comorbidités apparaissent comme des facteurs de risque de formes graves de
COVID-19 avec des taux de létalité importants.
La précarité est un autre facteur de risque
documenté plus récemment dans plusieurs pays et retrouvé en Ile de France.
Enfin, l’épidémie
a touché plus durement les zones à forte concentration de population et certaines régions
plus que d’autres, sans que l’on puisse donner d’explication à cette disparité.
Parallèlement des indicateurs ont été consolidés pour permettre le suivi de l’épidémie et de
nouveaux indicateurs fondés sur la réalisation des tests, l’identification des cas et de contacts
sont mis en place. Ces différents indicateurs doivent permettre de détecter des signaux le plus
précocement dans l’évolution de l’épidémie
Pour construire les scénarios présentés ci-dessous, le Conseil scientifique a appliqué la
méthode des scénarios prospectifs avec la contrainte opérationnelle d’éviter le confinement
généralisé en cas de reprise de l’épidémie.
Sur la base de la situation telle qu’elle est constatée en fin de période de confinement,
l’élaboration de ces scénarios a amené le Conseil scientifique à proposer un plan de
Prévention et de Protection renforcées (P2R COVID) en 7 volets permettant de préparer des
mesures qui pourront être activées graduellement ou massivement selon les
caractéristiques de l’épidémie dans les semaines et mois qui viennent
Ce plan doit être adapté au risque de formes graves et de décès tel qu’il peut être estimé sur
la base des connaissances actuelles, proportionnel au risque tel qu’il peut être appréhendé
sur la base des données scientifiques disponibles, fondé sur un principe de solidarité en
limitant leur application à certains secteurs les plus touchés ou à des personnes les plus à
risque mais dans l’intérêt général, anticipé et partagé par les différentes populations
concernées et compatible avec un impact limité sur la vie sociale, l’activité économique et sur
le système de santé.
Le Conseil scientifique a identifié quatre scénarios possibles à court ou à moyen terme.
Chacun d’eux doit pouvoir être identifié à partir d’indicateurs plus ou moins précoces. Le
diagnostic de la situation associera aux indicateurs quantifiés des informations plus
qualitatives, notamment locales.
La survenue des scenarios n’est pas nécessairement successive, des scenarios critiques
pouvant survenir d’emblée, demandant alors une réaction rapide reposant sur l’activation de
mesures établies à l’avance. Le temps de réaction est un paramètre déterminant dans le
contrôle de l’épidémie. Les quatre scénarios identifiés par le Conseil scientifique devront être actualisés en fonction
de l’évolution des connaissances scientifiques et des exigences opérationnelles.
A cet égard,
le Conseil scientifique souligne la nécessité d’une gouvernance claire, opérationnelle et en
partie territorialisée. Cette gouvernance devra inclure des compétences scientifiques et
sanitaires, mais aussi interministérielles et plus largement institutionnelles. L’association
d’acteurs de la société civile et de la vie économique est de nature à renforcer sa légitimité
ainsi que l’adhésion aux mesures envisagées dans chaque scénario.
Le premier des quatre scenarios est le plus favorable.
C’est celui d’une épidémie sous
contrôle au vu des indicateurs disponibles, associée à l’occurrence de clusters localisés
pouvant être maitrisés. En présence du virus, ce scenario nécessite cependant un maintien
des mesures de lutte contre l’épidémie.
Plus défavorable, le deuxième scenario verrait apparaître des clusters critiques, laissant
craindre une perte de contrôle des chaînes de contamination, et donc du contrôle de
l’épidémie elle-même. Ce scénario exigerait des mesures strictes, précoces et localisées, afin
d’éviter une perte de contrôle plus large de l’épidémie.
(
Le troisième scenario, ferait basculer une situation contrôlée vers une reprise progressive
et à bas bruit de l’épidémie, plus difficile à identifier. Des indicateurs se dégraderaient alors
sans que les chaînes de contamination puissent être identifiées, ni a fortiori contrôlées. Ce
scenario exigerait des mesures strictes ainsi que l’activation rapide de plusieurs mesures du
P2R-COVID. Les mesures à prendre pourraient encore être envisagées à une échelle régionale
si les indicateurs le permettent ou au niveau national.
Enfin, dans le quatrième scénario, la dégradation critique des indicateurs traduirait une
perte du contrôle de l’épidémie, et exigerait des décisions difficiles, conduisant à choisir entre
un confinement national généralisé, permettant de minimiser la mortalité directe, et d’autres
objectifs collectifs, économiques et sociaux, s’accompagnant alors d’une importante mortalité
directe.
Au total 4 scénarios probables peuvent être identifiés à partir du la fin de levée du
confinement. Pour les identifier, il est nécessaire que les indicateurs mis en place soient
stabilisés dans leur alimentation et leur production pour pouvoir en interpréter les variations.
Ces scénarios doivent permettre de mettre en œuvre des mesures pour éviter une reprise
brutale de l’épidémie nécessitant un nouveau confinement. C’est dans cette optique que le
Conseil scientifique propose d’élaborer dès maintenant, avec les acteurs notamment
territoriaux, un plan de Prévention et de Protection rapprochées, le P2R-Covid, permettant
d’activer le plus rapidement possible les mesures appropriées.

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