Jeudi 17 Juin 2010, c’est la date du France-Mexique décisif pour la qualification en Coupe du Monde.
Cela fera aussi 1 mois et demi que Yoann Ravella, un étudiant lyonnais en commerce international, aura débarqué sur le sol Mexicain (il y réalise un stage dans une entreprise de la capitale). Passionné de foot, il nous livre un aperçu intéressant de ce que pensent les Mexicains du football et de leur sélection nationale. Voici l’interview (recueillie par Mikhaël Defoly) d’un supporter français… au Mexique.
LYonenFrance : Bonjour Yoann, première question d’ordre général : est-ce que les Mexicains sont de grands fans de football ?
Yoann Ravella : Oui, ils le sont, autant qu'en France en tout cas, voire plus! Le stade Aztèque (de Mexico, ndlr) contient plus de 100 000 places, et pour un match auquel j’ai assisté (Mexique-Chili), et qui n’était qu’amical, le stade était complet! Il m'a été difficile de trouver une place.
Tu es arrivé à Mexico (capitale) le 2 mai dernier. Est-ce que tu as senti une ambiance particulière, une ferveur populaire autour de cet évènement qu’est la Coupe du Monde ?
Y.R. : Au début, pas tellement, mais à partir de la mi-mai la Coupe du Monde a commencé à faire surface. Le championnat national était terminé, alors les fans se sont orientés vers cet événement mondial, en sortant maillots, drapeaux, et plein d’accessoires tricolores. Le jour du match amical Mexique-Chili, les métros étaient pleins d'hommes en vert! (le vert est la couleur principale des supporters mexicains, ndlr).
L’Équipe du Mexique a disputé 12 matchs amicaux, dont 7 matchs de préparation pour le seul mois de mai (le Mexique a rencontré l’Équateur, le Sénégal, l’Angola, le Chili, l’Angleterre, les Pays-Bas et la Gambie, ndlr). C’est une succession de matchs à laquelle on n’est pas vraiment habitué en France. C’était plutôt une façon de se rassurer, de se tester pour la sélection de Javier Aguirre ?
Y.R. : Étant donné que l'entraîneur Javier Aguirre est nouveau (à la tête de la sélection depuis avril 2009, ndlr), c'est normal qu'il ait fait énormément de tests. Surtout qu’il a supervisé beaucoup de joueurs, car avant la mi-mai, les Mexicains d’Europe ne jouaient pas avec El Tri (le surnom de la sélection mexicaine). Du coup, ces matchs amicaux lui ont permis de faire tourner l’effectif et d’être bien sûr de sa liste. Les résultats en matchs de préparation ont été mitigés, avec notamment une petite série de doutes contre l’Angleterre (1-3) et les Pays-Bas (1-2), mais le dernier match contre l'Italie (2-1) a rassuré la sélection, çà les a mis en grande confiance, et au meilleur moment possible.
Parlons maintenant des supporters Mexicains. Tu as donc assisté, au Stade Aztèque de la capitale, au match Mexique-Chili (1-0). Qu’est-ce que tu as pu noter sur l’ambiance dans le stade, sur les manifestations du public, et puis sur le match en lui-même ?
Y.R. : Il y avait une ambiance incroyable, 100 000 personnes dans un stade ça fait du bruit! En plus, j’étais situé au tout dernier rang en hauteur ; du coup, j'ai pu parfaitement contempler ce stade tout vert! Une «Ola» qui n'en finissait plus, des supporters qui chantaient tous ensemble l'hymne national (ça change des sifflets que l’on peut entendre en France), et puis un public solidaire lorsqu'il s'agissait de déstabiliser le gardien Chilien, en le conspuant à chaque fois qu’il avait le ballon dans les gants. J’ai pris du plaisir pendant le match, car les Mexicains ont vraiment bien joué et ont clairement dominé le Chili.
Venons-en au match d’ouverture vendredi dernier, Afrique du Sud-Mexique (1-1). On a vu des Mexicains dominés en première période, et puis beaucoup plus tranchants en deuxième mi-temps. Qu’ont pensé les supporters Mexicains de la prestation « à double visage » de leur équipe nationale ? Le résultat nul les a plutôt déçu ou rassuré ?
Y.R. : Ce résultat nul a été vécu comme une déception par les Mexicains, qui voulaient prendre les 3 points contre l’Afrique du Sud pour ensuite se permettre un faux pas, contre la France ou l’Uruguay. Mais avec ce 1-1, maintenant le Mexique n’a plus le doit à l’erreur et ne doit pas craquer s’il veut se qualifier en 1/8èmes de finale.
Deux joueurs se sont particulièrement démarqués durant le premier match : Carlos Vela (Arsenal) et Giovani Dos Santos (Galatasaray), deux joueurs offensifs mais aussi très jeunes (génération 1989). Et puis sur la liste des 23, 10 joueurs ont moins de 25 ans. Alors, l’avenir de la sélection Mexicaine est-il déjà assuré ?
Y.R. : Il est un peu trop tôt pour pouvoir l’affirmer, tout dépendra de la prestation de ces jeunes pendant le Mondial, mais c’est vrai que la sélection mexicaine possède de jeunes talents prometteurs qui pourront par la suite devenir des cadres.
Un petit mot sur l’entraîneur du Mexique : si en France on a longtemps hésité à débarquer (ou non) Raymond Domenech, au Mexique on ne se pose pas la question : exit Jesus Ramirez (mars-juin 2008) et Sven Goran Eriksson (juin 2008-avril 2009). On a fait appel à l’ex-entraîneur de l’Athlético Madrid, Javier Aguirre, et j’ai entendu dire qu’il était accueilli comme une sorte de sauveur pour les Mexicains…
Y.R. : Oui, sauveur c’est un peu le mot, car les deux précédents entraîneurs n'ont pas été à la hauteur des espérances de la fédération et des supporters. Aguirre leur a permis d'être présents en Coupe du Monde, ce qui ravi les Mexicains. Ils ont confiance en lui et pensent qu’il peut l’amener loin, cette sélection mexicaine !
Une question sur le style de jeu mexicain, mêlant expérience (Rafa Marquez, Blanco) et fougue de la jeunesse (Ochoa, Guardado, Vela, G. Dos Santos…). C’est un système de jeu qui peut s’avérer payant, on l’a vu notamment avec l’Équipe de France en 2006, qui jouait également sur cette ambivalence expérience/fraîcheur. Le Mexique sera donc finaliste cette année ? (rires)
Y.R. : Finaliste, ce serait bien optimiste, mais je pense qu'ils peuvent au moins espérer passer le premier tour, voire les 1/8èmes de finale (tout dépend de l’adversaire). Le match contre l'Afrique du Sud est la preuve que les deux générations de joueurs peuvent évoluer ensemble et se compléter, à l'image de Dos Santos qui s'est très bien imposé dans le jeu et de Marquez qui a marqué le but. L’Équipe du Mexique est donc d'une grande complémentarité.
De l’aveu des supporters Mexicains, quelles sont les chances de leur équipe nationale dans ce Mondial ?
Y.R. : Les supporters envisagent les ¼ de finale, ce qui ne me parait pas surréaliste, étant donné la qualité du jeu que les joueurs peuvent fournir. Cependant, le groupe A se révèle finalement plus délicat et serré que prévu. J’espère pour eux qu'ils n'en feront pas les frais...
Quel point de vue portent les Mexicains sur l’Équipe de France ?Y.R. : Leur opinion de la France a changé à mesure que le mondial approchait : il y avait de la crainte au début, et puis la défaite des Bleus contre la Chine (0-1) a fait naître chez les Mexicains le sentiment qu'eux-mêmes pouvait prétendre à rivaliser avec notre équipe nationale. D’autant plus que la victoire du Mexique sur l’Italie les a vraiment boostés !
Dernière question : lors du France-Mexique le 12 Juin, tu seras encore à Mexico. Quelle équipe vas-tu supporter ?
Y.R. : La France, bien entendu ! Il n'est pas question de me fondre dans la masse! On regardera le match à l'entreprise avec tout les employés comme on l'a fait pour Afrique du Sud-Mexique et France-Uruguay. Ma tête sera peinte en bleu-blanc-rouge, petite provocation que j’ai déjà expérimenté le premier jour de la Coupe du Monde. C’est un bon moment en perspective! (sourire)
Propos recueillis par Mikhaël Defoly
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