Si le groupe Air France / KLM assure encore près de la moitié de l'activité de l'Aéroport St-Exupéry à Lyon, il fait désormais face à une concurrence de plus en plus structurée: d'un côté, la montée en puissance des compagnies à bas coût (Easyjet, compagnies africaines, etc...), de l'autre, sur un secteur plus "haut de gamme", le développement de l'offre du groupe Lufthansa.
Réunis à Lyon pour faire le point sur l'évolution de leur stratégie, les dirigeants de Austrian Airlines, Brussel Airlines, Swiss et Lufthansa ont mis en valeur leurs atouts pour concurrencer la compagnie nationale française : "Malgré la crise, il n'a jamais été question pour nous de réduire notre présence à Lyon", assure Patrick Oberson, le représentant de Swiss pour la France. Avec quatre vols par jour entre Lyon et Zürich, l'offre de la compagnie helvétique est encore modeste, mais elle fait le lien avec une plateforme reconnue internationalement (l'aéroport de Zürich a été primé pour la qualité de son hub), tôt le matin et avec un temps de transit très réduit.
"Pas plus de 35 minutes d'attente entre deux avions, c'est un avantage considérable pour qui veut se rendre vers une de nos destinations en Asie, en Afrique et même à San Francisco", fait valoir le "country manager". Swiss compte désormais 48 destinations européennes et 25 internationales ; sa participation au groupe Lufthansa, avec un personnel la plupart du temps bilingue, assure donc un lien très utile pour les allemands, qui ont fait de la qualité du service, au sol comme en vol, leur principal cheval de bataille.
Pour Claus Becker, le directeur France et Benelux du groupe, rien n'est dû au hasard : Lufthansa opère à partir de l'Allemagne (Frankfurt, Münich...) et de l'Italie (Malpensa), mais "la France reste un marché clé" : avec 590 vols hebdomadaires entre la France et l'Allemagne, une forte présence sur les aéroports régionaux français ( Lyon, mais aussi Nice, Strasbourg, Toulouse...), la compagnie a de bonnes perspectives de développement.
L'effet Airbus A 380
Malgré une année difficile ("la compagnie n'a pas fait de bénéfice mais cela est surtout lié à une grève des pilotes"), Lufthansa a "digéré sans problème l'épisode du volcan islandais", assure Claus Becker. Elle a réalisé "plus d'un demi milliard d'Euros d'investissements en 2009", avec en particulier l'achat d'un A 380 qui vient de commencer à opérer en emmenant les joueurs de l'équipe nationale d'Allemagne à la coupe du monde d'Afrique du Sud. La compagnie bénéficie d'ailleurs d'un "effet Airbus A 380" avec un taux de réservation qui atteint presque les 100% sur les lignes desservies (Tokyo, Pékin, Johannesburg !).
Avec près de 207000 voyageurs en 2009 et déjà plus de 48300 de janvier à mars 2010, Lyon est la deuxième plaque tournante de Lufthansa après Paris CDG.
La signature avec Brussels Airlines et Austrian Airlines :
Depuis 2009, la compagnie aérienne belge Brussels Airlines, qui a pris la suite de Sabena après sa faillite, a signé elle aussi avec le groupe Lufthansa. Disposant de 51 avions et près de 3000 employés, les belges travaillent un segment complémentaire, celui du "point to point". "Avec Lyon, nous avons une clientèle d'affaires qui se rend en Belgique... nous lui offrons un service de bon niveau", indique Thadée Nawrocki, qui fait face sur ce secteur à la concurrence des compagnies à bas coût, ce qui ne semble pas lui poser de problème. La compagnie a aussi des destinations historiques vers l'Afrique, reprises de Sabena : pour travailler en Afrique, les belges apportent un savoir faire précieux, et là encore très complémentaire de l'offre du reste du groupe.
Reste le régional de l'étape : né à Lyon, Matthieu Payet-Gaspard est "directeur coordination et développement" de la compagnie Austrian Airlines et ferait un excellent ambassadeur du réseau Only Lyon (lire sur LYonenFrance) !
La compagnie autrichienne "dispose, après l'Ex KGB, d'un des réseaux les plus denses en Europe Centrale et Orientale", s'amuse-t-il. Avec des prix concurrentiels, même vis à vis des compagnies à bas coût, Austrian Airlines ouvre donc les portes de l'Asie du Sud Est et de l'Orient à ses partenaires ; depuis Lyon, la compagnie propose des vols quotidiens vers sa plaque tournante historique de Vienne en Autriche, avec là encore des temps d'attente réduits : "là où nos clients mettent 25 minutes pour se rendre d'une porte à l'autre, ceux des compagnies concurrentes, qui passent par Londres ou Amsterdam, mettront près d'une heure !" fait-t-il valoir.
Pour l'ensemble des compagnies du groupe, il n'est donc pas question de parler de crise, mais bien de développement commercial... et Lyon fait partie des zones stratégiques pour ce développement...
Gilles Roman
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