"La SNCF a l'habitude de les appeler pudiquement des "accidents de personnes". Mais dans 99% des cas il s'agit de suicides sur les voies", explique Josiane Beaud, la directrice régionale de la SNCF pour la région Rhône-Alpes.
Plus d'un suicide par jour en 2009 sur le réseau français
Devant l'augmentation des suicides, la société nationale est un peu désemparée : ces "accidents" ont un coût humain évidemment, mais aussi psychologique pour les conducteurs des trains qui doivent répondre aux questions des enquêteurs et souvent assister à la levée des corps. Pour eux, une cellule psychologique est mise en place. Pour le reste, il s'agit de réduire les conséquences horaires (et donc financières) souvent très importantes. Pour prendre un exemple concret, Josiane Beaud a cité le cas d'un suicide à Saint-Priest près de Lyon. L'arrêt consécutif des TER Lyon/Grenoble a aussitôt provoqué des réactions en chaîne, bloquant la gare de la Part Dieu, puis les TGV pour finir par perturber le trafic des trains jusqu'à Bordeaux et Lille !
Les parquets tenteront de réduire le temps de blocage de la circulation
Pourtant, "lorsqu'un suicide se déroule en zone urbaine, il est encore facile d'appliquer la procédure, indique Martine Vales-Boulouque, procureur général du parquet de Grenoble... "Mais lorsque l'accident se produit dans une zone rurale, nous perdons souvent beaucoup de temps à établir la juridiction compétente, prévenir les pompes funèbres, envoyer un OPJ (officier de police judiciaire) pour les premières constatations sur place...".
La convention entre les 30 parquets de la zone Sud-Est et la SNCF, signée le 10 juin 2010 à Lyon, devrait permettre de clarifier cette procédure et de réduire le temps d'arrêt des trains. En 2009, le temps de retard moyen occasionné par ce type d'accident était de 2h39... L'objectif est de le réduire d'au moins 1/2 heure.
Cela passera par le renouvellement des protocoles : pour accélérer les procédures, la SNCF disposera d'un "annuaire" avec localisation géographique des services compétents. Certaines procédures pourront être accélérées, comme la décision de remettre en service sur un simple avis téléphonique du procureur la partie de la voie qui n'est pas concernée par l'accident ou de reporter l'interrogatoire du conducteur du train, souvent traumatisé, au jour suivant...
Gilles Roman
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