France Afrique, la révolution numérique accouche d'une souris

SankoréDans les relations de la France avec l'Afrique, on avait pris l'habitude des "éléphants blancs" (ces grands hôpitaux ou  barrages imaginés dans les ministères parisiens qui restaient bien souvent à l'état de projets). Il y aura désormais aussi les tableaux blancs... interactifs !
Alors que nombre de pays africains connaissent une véritable révolution depuis  l'extension du réseau du téléphonie mobile - et l'accès à l'internet dans les villages les plus reculés - et qu'ils obtiennent des places sur les satellites chinois, la France profite des cérémonies du 14 juillet pour distribuer aux chefs d'Etats des anciennes colonies, invités par Nicolas Sarkozy,  une "valise pédagogique" baptisée Sankoré.
Ce colis, plus moderne que le minitel tout de même, comprend un tableau blanc "interactif", une "tablette numérique", une clé USB, 4 stylets et des éléments de rangement, le tout pour la modique somme de 1000 € !

La révolution éducative numérique partagée avec l’Afrique
La DIENA (Délégation interministérielle à l'Education Numérique en Afrique)  est dirigée par l'ancien ministre Alain Madelin et est proche d'institutions comme "l'agence mondiale de solidarité numérique". Elle attend avec cette valise rien de moins que "le mariage de l’éducation avec les technologies numériques". Déjà présenté lors de la réunion de Lyon en mai 2008 , en présence du ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner et du Président du Sénégal Mr Wade, le tableau blanc est donc toujours annoncé comme "prometteur" par ses initiateurs.
C'est que, écrivent-t-ils, la France "entend, au travers du programme SANKORÉ, partager avec l’Afrique les bénéfices de la révolution numérique". Et d'ajouter : "le nom de SANKORÉ – qui est celui de l’une des plus anciennes universités du monde créée à Tombouctou au Mali – a été symboliquement donné à ce programme conçu "avec les africains pour les africains".
La  Diena compte demander aux collectivités locales françaises, dans le cadre de leur jumelage avec des villes africaines et de la coopération décentralisée, d'acheter des valises pour accompagner le programme dont elle estime déjà qu'il deviendra "indispensable pour relever les défis de l’éducation de masse sur le continent africain et donner les meilleures chances à tous les enfants d’Afrique".

L'aboutissement d'une longue série de réunions internationales extrêmement coûteuses, dont celle de Lyon en 2008.
En 2008, nous avions déjà rencontré les promoteurs du tableau blanc interactif lors de la réunion du Fonds Mondial de la Solidarité Numérique à Lyon.  Une structure qui connaissait de graves problèmes de ...dysfonctionnements... (le président Wade a depuis demandé sa dissolution).

Créé le 14 mars 2005 à Genève, suite à une initiative d'Abdoulaye Wade lorsqu'il était encore coordonateur des Technologies de l'Information au NEPAD (Nouveau partenariat pour l'Afrique), ce fonds disposait alors  de plusieurs millions de Francs Suisse, et Alain Madelin pensait déjà  obtenir  beaucoup plus si les Etats mettaient en place ce qu'ils avaient voté, "une contribution de 1% sur tous les marchés publics ayant pour objet la fourniture de matériel informatique"... 

Beaucoup d'argent, beaucoup de projets... mais trop peu d'actions...
Nous notions alors (lire l'article de LYon-Actualités "la solidarité numérique pour réduire la fracture avec l'Afrique" ) que si cette fondation présentait beaucoup de projets sur son site internet, dans les domaines de la télémédecine, de l'éducation et du recyclage, elle n'avait que peu de réalisations à son actif (4 au Burundi et 6 au Burkina Faso !). Cette situation n'échappait pas au président sénégalais qui avait déjà marqué son désaccord avec le fonctionnement du fonds : il organisait selon lui trop de réunions et gaspillait beaucoup d'argent en frais de fonctionnement. Mr Wade avait alors insisté  sur le fait que son idée de départ n'était pas de créer une structure intergouvernementale, mais de promouvoir la solidarité entre "citoyens" du Nord et du sud, de chaque côté de la "fracture" numérique .

C'est ainsi que le père fondateur du fonds mondial de la solidarité numérique en est arrivé, quelques mois plus tard, à demander lui-même sa dissolution ! (lire la revue de presse) -  

Gilles Roman
(redaction@LYonenFrance.com)

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