Région Rhône-Alpes, de l'eau dans le gaz entre socialistes et écologistes

On pressentait la cohabitation difficile après le bon score réalisé par les écologistes au premier tour des dernières élections régionales. Au second tour, le groupe"Europe Ecologie Les Verts" de Philippe Meirieu a réussi à faire liste commune avec les  "socialistes et apparentés"  et à constituer un exécutif derrière le Président Jean Jack Queyranne.

 "Derrière" mais pas "avec" ! :  la tension n'a jamais véritablement baissé depuis l'élection et l'assemblée plénière qui vient de se réunir en février pour redéfinir la stratégie économique de la Région (lire ici) a mis au grand jour les désaccords entre les deux groupes.
Furieux, les socialistes se sont fendus d'un communiqué dans lequel ils se posent des questions quant aux réelles intentions de leurs alliés d'EELV "qui, pour d’obscures motivations politiciennes, que nous n’osons imaginer être liées aux élections cantonales de mars, fait aujourd’hui& clairement le choix de pénaliser les Rhônalpins les plus fragilisés au regard de l’emploi et la formation et de ne pas soutenir les stratégies du mandat autour de l’économie, de l’enseignement supérieur et de la recherche, sujets essentiels pour l’avenir de Rhône‐Alpes".

Une radicalisation des élus écologistes de Grenoble ?
Lors de la session en effet, le groupe  Europe Ecologie les Verts s'est abstenu sur plusieurs délibérations: enseignement supérieur, recherche, développement économique. D'après le journaliste Michel Deprost, responsable du site internet Enviscope.com, qui a suivi les débats, "les positions extrêmes très critiques d'EELV ont été radicalisées en raison du poids pris par certains conseillers régionaux grenoblois"... Un élu explique que ces derniers, très opposés à la majorité municipale  de Grenoble, ont adopté  des positions radicales sur des sujets comme les nanotechnologies, la recherche... 

Des élus associés à la préparation des délibérations !
Cette position critique a placé dans une situation difficile de nombreux élus du Groupe, en particulier ceux engagés dans des postes à responsabilité (ils ont obtenu plusieurs vice présidences et présidences de commissions dans la répartition de l'exécutif). La présidente de la Commission 4 - Emploi, économie, économie sociale et solidaire et innovation sociale- Fatiha Benhamed, par exemple, était chargée de préparer la Stratégie Régionale de Développement Economique et d'Innovation ( SRDEI) . L'élue écologiste de Lyon a dû présenter à l'assemblée "le fruit d'un travail réalisé avec toutes les composantes de la majorité, rapport que son propre groupe n'a pas voté", indique Michel Deprost.

Mal à l'aise, l'élue explique en substance qu'accepter de présider une commission suppose la recherche de compromis et la recherche d'accords."Ce qui est important pour moi, c'est de faire avancer des dossiers".

Des rapports adoptés, d'autres rejetés

Le résultat est peu compréhensible : certains rapports, que les écologistes ont refusé, ont été rejetés tandis que plusieurs motions étaient votées, certaines avec les socialistes et apparentés, d'autres malgré l'abstention des écologistes.
Les élus socialistes s'indignent : "Tout a commencé en commission permanente, au motif d’une répartition jugée inaboutie sur un million d’euros, EELV a voté contre un rapport déterminant les crédits consacrés aux Contrats Territoriaux Emploi Formation (CTEF), entraînant le rejet de ce dernier".

 Quelques heures plus tard, et bien qu’ayant salué le travail d’élaboration collective réalisé avec le Vice‐ président Thierry Philip sur la Stratégie Régionale de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (SRESRI), EELV n’a pas voulu voter ce rapport. "Une provocation médiatique valant visiblement mieux  que le soutien au développement des  universités, l’amélioration des conditions  de vie  des étudiants et l’avenir de la recherche rhônalpine", jugent les socialistes. 

Quant à la Stratégie Régionale de Développement Economique et d’Innovation (SRDEI), EELV s'est abstenu sur  la  délibération,  après  avoir  vainement  tenté  de remettre en cause les objectifs de croissance. Ces  deux  délibérations,  qui  avaient  obtenu  un  regard  favorable  des partenaires sociaux et des collectivités territoriales, ont été adoptées malgré l’opposition de la droite UMP et du Front National.   

De nombreux projets retardés
Concrètement, ce sont 39 millions d’euros*  (montant  de  l’enveloppe  consacrée  aux  CTEF)  qui  ne  pourront  pas  être  répartis  dans  les territoires, et par la même des centaines de projets qui ne verront pas le jour dans les semaines à venir : mini‐stage et parrainage en entreprise, forum des métiers, programme d’insertion pour les femmes dans les quartiers CUCS ou encore financement du permis de conduire pour des jeunes en formation.

(*) Mise à Jour : Voir le commentaire de Olivier Longeon ci dessous, qui indique qu'un accord a finalement été trouvé en fn de session pour débloquer les 39M€ du CTEF. 
Gilles Roman


2 comments :

Sauf que depuis la rédaction de cet article, le groupe Europe Ecologie Les Verts a fait passer un amendement qui a débloquer le financement des CTEF, libérant les 39 millions d'Euros concernés à destination des différents territoires de Rhône-Alpes.

Unknown a dit…

Pour être un peu plus précis sur le dit amendement, le groupe Europe Ecologie Les Verts qui avait, dans la matinée, voté CONTRE la répartition de ces 39 millions d’euros, s’est finalement rendu compte, dans la journée, des conséquences graves de ce vote pour la formation en Rhône-Alpes. C’est pourquoi le groupe Europe Ecologie Les Verts a proposé un amendement, qui, par souci de continuité de l’action en matière d’emploi et de formation, a été accepté par Jean-Jack Queyranne. Voté par les quatre groupes de la majorité, cet amendement a donc été adopté.

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