Si l'opération de sauvetage des mineurs chiliens est vécue dans le monde entier comme une expression de la solidarité vis à vis d'une profession particulièrement difficile, les intérêts sont différents au niveau des médias et des responsables politiques du pays, qui profitent de cette opération pour faire oublier d'autres sujets comme le sort des Mapuches dans le sud du pays ou le retard dans la reconstruction après le tremblement de terre du mois de février dernier.
D'après l'envoyé spécial de France 24 à Copiapo (ils sont plusieurs centaines envoyés par les chaînes de télévision du monde entier), Hollywood a commencé à courtiser les familles pour réaliser plusieurs documentaires sur la vie des "33" mineurs coincés depuis le mois d'août et sur le point d'être sauvés. Les chaînes américaines HBO et Discovery Channel, ainsi que la britannique Channel 4, seraient sur les rangs. "En marge de cet emballement médiatique, la ville de Copiapo doit aussi gérer l’arrivée de nombreux cadeaux destinés aux mineurs qui se sont attiré la sympathie du monde entier", écrit-t-il. Le président de la République bolivienne Evo Morales a même annoncé sa présence pour la sortie d'un mineur de son pays, qu'il souhaite ramener à la Paz "où l'attend un nouveau travail !".
Parmi les nombreux cadeaux aux mineurs, une entreprise de Marseille leur offre de l'alimentation survitaminée, des footballeurs espagnols leurs maillots dédicacés. Grand seigneur, Leonardo Farkas, un "patron multimillionnaire de compagnie minière", aurait offert des chèques de 7 600 euros !
France 24 raconte aussi comment le gouvernement chili a sû tirer profit de cet emballement médiatique. "Laurence Golborne, le ministre des Mines, peu connu il y a encore deux mois, ne boude pas son plaisir devant les caméras. Son arme ? Une larme devant les journalistes et des tweets par dizaines pour informer la population de l’avancée du dispositif de secours. L'homme est devenu l’une des personnalités les plus appréciées des Chiliens."
Oubliés le séisme de février et les millions de gens sans abris
Une popularité qu’il partage avec le président Sebastian Piñera. Critiqué pour la lenteur de la reconstruction du pays après le séisme de février qui a laissé sans toit des millions de personnes, le chef de l'État se rachète une conduite avec ces trente trois mineurs.
"Il est aujourd’hui aux premières loges du sauvetage , armé du fameux message envoyé par les mineurs le 22 août et sans lequel il ne se déplace jamais... Il se pose en chef de chantier, il vérifie l’avancement des travaux, il est omniprésent à chaque étape de l’extraction", explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur de l'Iris (Institut des Relations Internationales) sur les questions de l'Amérique latine.
"Il est aujourd’hui aux premières loges du sauvetage , armé du fameux message envoyé par les mineurs le 22 août et sans lequel il ne se déplace jamais... Il se pose en chef de chantier, il vérifie l’avancement des travaux, il est omniprésent à chaque étape de l’extraction", explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur de l'Iris (Institut des Relations Internationales) sur les questions de l'Amérique latine.
"Le gouvernement chilien est actuellement aux prises avec un dossier sensible : celui d’un conflit territorial qui oppose l’Étataux Indiens mapuche. Piñera détourne l’attention des médias sur les mineurs. Il ne veut pas fissurer cette belle image de cohésion nationale qui prévaut en ce moment".
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